La Chine a décidé de réduire sa participation au projet de câble sous-marin visant à relier l’Asie à l’Europe, en passant par l’Océan Indien, la mer Rouge et la mer Méditerranée. China Telecom et China Mobile, deux des opérateurs chinois les plus présents dans l’Empire du Milieu n’investiront plus dans la construction de ce câble.

Le consortium choisit l’américain SubCom, la Chine montre son mécontentement

Le consortium ayant investi dans le projet de câbles sous-marin, qui comprend des entreprises comme Orange, Telecom Egypt ou Microsoft a fait un choix fort. Ils ont décidé que la société américaine SubCom était la plus à même de pouvoir construire ce système de câbles, au détriment du chinois Hengtong Marine. Cette décision n’a pas plu aux deux groupes télécoms qui ont décidé de se retirer du projet.

Selon les informations recueillies par le Financial Times, le départ de China Mobile et China Telecom du projet s’explique également par l’intensification des tensions entre la Chine et les États-Unis. Depuis près de trois ans, les États-Unis ont refusé l’implantation de plusieurs câbles de télécommunications sous-marins impliquant des entreprises chinoises ou reliant directement les États-Unis à la Chine continentale ou à Hong Kong. À chaque fois, l’Administration Biden a évoqué de possibles problèmes de sécurité nationale dans le cas où ces câbles étaient installés.

Outre ces désaccords dans le secteur des télécommunications, les États-Unis ont renforcé leurs mesures restrictives dans l’accès de certaines technologies à l’encontre de la Chine. En octobre 2022, Washington a interdit d’exporter vers Pékin des composants électroniques performants ou tout matériel permettant de les produire. Les entreprises américaines mais aussi d’autres comme au Japon ou aux Pays-Bas n’ont plus le droit de commercer avec les géants technologiques japonais faisant partie de l’Entity List.

Un projet pour relier l’Europe à l’Asie grâce à la fibre optique

Le projet South East Asia-Middle East-West Europe 6 (Sea-Me-We 6) vise à installer au fond de l’océan, un système de câbles sous-marins de 19 200 km qui relieraient Marseille, en France et la cité-état de Singapour. L’ensemble se compose de 10 paires de fibres optiques ayant un débit de 12,6 Terabits par seconde chacune. Le coût total du projet est d’environ 500 millions de dollars.

Une carte du monde présentant le parcours du câble South East Asia-Middle East-West Europe 6.

Outre la connexion directe entre Marseille et Singapour, le câble pourrait relier l’Italie, la Grèce, l’Arabie saoudite, le Pakistan ou encore le Bangladesh. Il est prévu que le câble soit relié à l’Afrique au niveau de Djibouti et à l’Asie au niveau de l’Inde. Image : Consortium SEA-ME-WE 6.

Ce proje est semblable à celui porté, entre autres, par Meta, Orange et Vodafone, et baptisé 2Africa. Ce câble sous-marin de 45 000 km entoure entièrement le continent africain dans le but de connecter 23 pays d’Afrique au Moyen-Orient et à l’Europe. Si ce système de câble devait être opérationnel cette année, celui de SEA-ME-WE 6 est prévu pour le premier trimestre 2025. À moins que le désintérêt chinois vienne contre carrer les plans initiaux du consortium.

Pour l’instant, un opérateur chinois public, China Unicom, est encore de la partie. Selon un membre du projet, l’implication des deux groupes ayant décidé de quitter le navire était « importante, mais que leur départ ne remettait pas en cause le projet ».