La Federal Trade Commission (FTC), agence américaine chargée de contrôler les pratiques anticoncurrentielles, songerait très sérieusement à lancer des poursuites antitrust contre Amazon. De manière globale, les autorités outre-Atlantique se montrent bien plus véhémentes contre les géants technologiques depuis quelques années.

Des poursuites dans les prochains mois ?

En 2020, Amazon, Apple, Google et Meta ont dû faire face au Congrès après une vaste enquête antitrust de 16 mois sur leurs comportements monopolistiques. Celle-ci s’est conclue par un rapport de 449 pages affirmant notamment qu’Amazon possédait un « pouvoir de monopole » sur les vendeurs de son site, qu’elle intimidait ses partenaires et qu’elle utilisait de manière inappropriée les données des vendeurs pour concurrencer ses rivaux.

S’il semblait que cette histoire appartenait au passé, ce n’est probablement pas le cas. La FTC, dirigée par Lina Khan depuis 2021, qui a travaillé sur le rapport, serait en train de préparer une inculpation à l’encontre d’Amazon, et ce dans les prochains mois, rapporte le Wall Street Journal. Si l’on ignore sur quoi porteront les poursuites, des indices pointent vers plusieurs directions.

La FTC s’intéresse à plusieurs aspects des activités d’Amazon

Ces dernières années, la FTC a passé les pratiques d’Amazon au peigne fin, particulièrement la question de savoir si l’entreprise favorise ses propres produits par rapport à ceux de ses concurrents et la manière dont elle traite les vendeurs externes de sa marketplace.

D’ailleurs, le géant de l’e-commerce a récemment passé un accord avec les régulateurs européens afin de mieux traiter les vendeurs tiers, promettant de leur octroyer une chance égale d’être sélectionnés comme option par défaut pour bénéficier du bouton de la boîte d’achat et du programme d’expédition Prime. La société a également accepté, dans le cadre du règlement, de s’abstenir d’utiliser des données non publiques sur les vendeurs de sa place de marché pour les concurrencer au sein de l’Union européenne. Il est possible que ces concessions de la part d’Amazon aient motivé la FTC à agir pour obtenir des contreparties similaires aux États-Unis.

Aussi, la Commission s’intéresse à l’abonnement Prime et cherche à déterminer si Amazon a eu recours à des pratiques trompeuses pour obtenir davantage d’abonnés, et si elle empêche les consommateurs d’annuler leurs souscriptions. Andy Jassy et Jeff Bezos ont d’ailleurs été appelés à comparaître dans le cadre de cette affaire.

Amazon, dans la ligne de mire de Lina Khan depuis des années

Pour l’heure, il ne s’agit que de suspicions : si le Wall Street Journal a appris que la FTC s’intéressait de très près à Amazon de la part de sources proches du dossier, le média ne peut pas affirmer quelles pratiques seraient exactement visées.

Quoi qu’il en soit, cela marquerait un nouveau tournant dans les affaires antitrust outre-Atlantique. Alors que Google fait l’objet de deux plaintes de la part du Département de la Justice, dont l’une portant sur ses activités publicitaires ayant de grandes chances d’aboutir, Meta a été inculpée par la FTC pour les rachats d’Instagram et de WhatsApp. La Commission estime en effet qu’il s’agit d’une manière pour l’entreprise de s’emparer de ses rivaux plutôt que de les concurrencer loyalement.

Dans les deux cas, les sociétés nient tout comportement problématique, on peut donc supposer qu’Amazon en fera de même avec les éventuelles poursuites de la FTC. En cas d’inculpation, cela représenterait une nouvelle étape dans le mandat de la présidente de la Commission, Lina Khan, qui a débuté sa carrière en faisant valoir, dans un article universitaire largement diffusé, qu’Amazon avait acquis un pouvoir de marché trop important et que la législation antitrust n’avait pas réussi à le restreindre. D’ailleurs, le géant de l’e-commerce a tenté d’empêcher son ascension à la tête de la FTC, estimant qu’elle ne serait pas impartiale dans ces décisions.