Le marché des voitures électriques manquait de concurrence ? Lotus, fabricant de voitures de luxe, a annoncé, ce mardi 31 janvier, vouloir fusionner avec L Catterton Asia Acquisition Corp, une société spécialisée dans la levée de fonds et déjà introduite en Bourse. Si l’opération se réalise, elle permettrait au constructeur fondé en 1948 de rejoindre le Nasdaq sous la même cotation. Le fabricant prévoit également de lancer au cours du premier trimestre 2023 son premier modèle électrique en Chine.

Un duel peut en cacher un autre

« Nous pensons que cette opération contribuera à positionner Lotus comme un grand constructeur dans le domaine des voitures électriques » s’est réjoui le PDG de Lotus, Feng Qingfeng, dans un communiqué. Le constructeur britannique, racheté à 51 % en 2017 contre 65 millions de dollars par le groupe Geely, actionnaire de Volvo Cars, Polestar, Mercedes ou encore Link&Co, sera évalué à 5,4 milliards de dollars après la fusion avec L Catterton Asia Acquisition Corp.

Créé en 2016, L Catterton Asia Acquisition Corp (LCAAC) est une filiale du groupe L Catterton. Fondée en 1989, la firme est spécialisée dans l’investissement, elle en a déjà réalisé 250 dans des marques de l’industrie des biens de consommation. Depuis 7 ans, LVMH, la holding du luxe de Bernard Arnault, s’est associé à la société pour développer ses investissements à travers le monde. LCAAC a été introduite en bourse en 2021, levant 250 millions de dollars. Depuis son arrivée au Nasdaq, le cours de l’entreprise a très peu fluctué en passant de 9,85 dollars en avril 2021 à 10,35 dollars en 2023.

Par ces différentes alliances, partenariats, prises de partition, dont la plus récente avec Lotus, le milliardaire français se retrouve, indirectement, en concurrence avec Tesla et donc Elon Musk. Les deux hommes se disputent aussi la place d’homme le plus riche du monde depuis quelques années. Les actionnaires du constructeur britannique, comprenant Geely, Etika Automotive et Nio, conserveront la place d’actionnaire très majoritaire, avec une participation de 89,7 %.

Cette future cotation aux États-Unis sera un événement dans le secteur automobile. Depuis septembre dernier, et l’introduction en Bourse de Porsche en Europe avec une valorisation à 72 milliards de dollars, aucune autre marque automobile haut de gamme n’a été lancée sur les marchés.

L’entrée en Bourse de Lotus survient au moment où la concurrence est la plus intense sur le marché des voitures à zéro émission. Aujourd’hui en Chine, plus de 200 constructeurs dépensent des milliards de dollars en recherche et développement afin de s’imposer. La compétition n’effraie pas Geely, puisqu’elle va lancer sa filiale sur le marché chinois au premier trimestre 2023. C’est le premier véhicule électrique de Lotus, le SUV Eletre, qui aura la lourde tâche de se faire une place dans l’Empire du Milieu. Le constructeur proposera, ensuite, son véhicule en Grande Bretagne et dans l’Union européenne dans le courant de l’année.

Selon Lotus, ce premier modèle sera équipé d’une batterie avec une recharge rapide et de capteur LiDAR, offrant un système de conduite autonome de niveau 4. Une certification, rarement atteinte, permettant au conducteur de vaquer à ses occupations sans être obligé de reprendre les commandes en cas d’urgence.

Avec plus d’un million de véhicules vendus par an, Geely souhaite s’imposer sur le marché des véhicules électriques. Malgré l’expérience et la capacité de production annuelle de 150 000 unités électriques notamment grâce à une usine géante à Wuhan, Lotus devra faire face à la concurrence dans un contexte économique morose.