Dans une lettre adressée aux enseignants, Sergeï Guriev, directeur de la formation et de la recherche de l’Institut d’études politiques (IEP), a annoncé que ses élèves avaient l’interdiction d’utiliser ChatGPT, l’IA conversationnelle mise au point par OpenAI.


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Les enseignants craignent que ChatGPT soit utilisé pour tricher

Dévoilée au mois de décembre, ChatGPT est basée sur le modèle de langage GPT-3.5. Cette intelligence artificielle est capable d’entretenir une conversation tel un humain, ainsi que de reconnaître ses erreurs. Elle chamboule le secteur technologique tant ses performances impressionnent, à tel point qu’OpenAI voit, depuis le lancement du chatbot, sa valorisation évoluer de manière exponentielle.

« Cet outil, qui a recours à l’intelligence artificielle (IA), interroge fortement les acteurs de l’éducation et de la recherche dans le monde entier sur le sujet de la fraude en général, et du plagiat en particulier. Certains États en ont, par ailleurs, déjà proscrit l’utilisation dans leurs établissements scolaires et universitaires », écrit Sergeï Guriev, faisant ici référence aux écoles new-yorkaises qui ont proscrit son utilisation.

L’IEP, communément appelé Sciences Po, a décidé de suivre le même chemin : « L’utilisation de ChatGPT à Sciences Po, ou de tout autre outil ayant recours à l’IA est, à l’exception d’un usage pédagogique encadré par une enseignante ou un enseignant, pour l’instant strictement interdite lors de la production de travaux écrits ou oraux par les étudiantes et étudiants sous peine de sanctions qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de l’établissement voire de l’enseignement supérieur », continue le directeur.

Un modèle révolutionnaire, mais qui inquiète

Il indique également que les enjeux liés à ChatGPT « vont inévitablement et rapidement faire évoluer les pratiques pédagogiques et les évaluations des enseignements », et qu’une note sur le sujet sera prochainement distribuée à ses enseignants.

De son côté, OpenAI travaille d’ores et déjà sur le modèle GPT-4, qui devrait être encore plus puissant que ChatGPT. L’entreprise souhaiterait par ailleurs rendre son IA conversationnelle payante. Microsoft, qui a déjà investi dans l’entreprise, a annoncé un financement supplémentaire de plusieurs milliards de dollars dans OpenAI, ainsi que l’intégration de l’outil à sa suite Azure OpenAI Service.

Les modèles de traitement de langage sont de plus en plus sophistiqués et révolutionnent de nombreux domaines. Cependant, ils peuvent être en proie à des biais racistes ou sexistes ou propager de fausses informations. Pour cela, les experts appellent au développement d’outils puissants capables d’encadrer l’exploitation des systèmes comme ChatGPT.