Restreindre partiellement ou totalement l’accès d’une population à Internet : une tendance de plus en plus fréquente dans les régimes autoritaires. Selon une étude publiée le 20 janvier par Cloudflare, entreprise américaine de services de sécurité et de distribution de contenu, l’année 2022 a été marquée par un emploi plus fréquent de cette technique, malgré une légère baisse au dernier trimestre. Ces coupures, parfois involontaires, peuvent être ininterrompues ou se produire à heures régulières. Dans les deux cas, elles ont des conséquences néfastes pour les citoyens et les organisations qui les subissent.

Des causes parfois involontaires

Depuis le début de l’année 2022, Cloudflare, répertorie les coupures d’Internet gouvernementales et les pannes majeures se produisant à travers le monde. L’étude met en lumière plusieurs raisons expliquant ces discontinuités.

Il y a un an, les îles Tonga ont été coupées du monde à la suite de l’explosion d’un volcan, ayant abîmé le câble sous-marin amenant Internet au pays. En novembre, un tremblement de terre a perturbé l’accès Internet aux îles Salomon. Les catastrophes naturelles sont ainsi régulièrement responsables de coupure, et la crise climatique ne risque pas d’améliorer la situation.

Dans les pays en développement comme au Pakistan et au Bangladesh, les dysfonctionnements s’expliquent également par la vétusté des infrastructures.

Contrôler Internet : le rêve des dirigeants autoritaires

En 2022, les régimes autoritaires sont à l’origine de nombreuses coupures, sur leurs territoires nationaux et à l’étranger. Les infrastructures Internet de l’Ukraine ont été régulièrement visées par des frappes de missiles russes, entraînant des pannes de courant et des perturbations de la connectivité Internet. L’Iran, en proie à des manifestations, a fait largement usage de cette méthode sur son propre réseau, pour réprimer la population iranienne, et la couper du reste du monde.

Une coupure, des conséquences

Couper Internet volontairement est souvent un acte politique. Entraver la circulation de l’information, lorsqu’elle remet en cause la légitimité des dirigeants, empêche les journalistes, les associations et la société civile de s’informer, d’échanger et surtout de se mobiliser. Elle permet aussi de dissimuler la situation aux restes du monde, notamment les exactions du régime. Couper Internet présente également des risques économiques pour les organisations, comme la perte de données. Selon David Belson, responsable de l’analyse des données chez Cloudflare, elles doivent désormais « en tenir compte dans leur matrice de risques. »

Internet et libertés, une bataille sur tous les fronts

À mesure que nos sociétés se numérisent, Internet devient un nouvel objet de pouvoir pour les gouvernements autoritaires. Des États l’ont très bien compris, comme la Chine, qui le façonne au prisme de son idéologie. En réponse, des solutions de cybersécurité et de télécommunications émergent, comme les VPN et les réseaux satellitaires, dont Starlink par SpaceX, moins vulnérables que les câbles sous-marins. La liberté d’accès à l’information sera-t-elle à la merci des acteurs privés ?