Tandis que Microsoft tente de convaincre la Federal Trade Commission (FTC) que son rachat d’Activision Blizzard aura un impact positif sur le marché des jeux vidéo, Bloomberg rapporte que Nvidia et Google, en plus de Sony, ont émis des réticences vis-à-vis de l’acquisition.

Une opération qui attire l’attention des régulateurs

La firme de Redmond a annoncé son rachat du studio indépendant Activision Blizzard en janvier 2022. À hauteur de 68,7 milliards de dollars, il s’agit de l’acquisition la plus importante de l’histoire du jeu vidéo et logiquement, elle attire l’attention des régulateurs. Tandis que les autorités européennes et britanniques ont lancé une enquête sur l’opération, la FTC a entamé une procédure afin de la bloquer.

La Commission estime que le rachat va affecter la concurrence en donnant accès à Microsoft à des franchises très populaires, notamment Call of Duty. Elle craint par exemple que la firme de Redmond ne rende ces titres exclusifs à son offre de cloud gaming, le Game Pass, ou n’en dégrade l’expérience utilisateur sur les plateformes rivales. Pour rappel, Microsoft domine le marché des jeux par abonnement avec 25 millions d’utilisateurs. La FTC pense également que l’acquisition risque d’affecter le secteur des consoles de jeux vidéo.

Le QG de la FTC à Washington D.C.

Le QG de la FTC à Washington D.C. Photographie : Federal Trade Commission

Pourquoi Nvidia et Google s’y intéressent ?

Sony, le fabricant de la PlayStation et grand concurrent de Microsoft, s’est vivement opposé au rachat en avançant des arguments similaires à ceux de la FTC : le géant nippon estime qu’il offrira à la firme de Redmond un avantage déloyal. Visiblement, il ne s’agit pas de la seule entreprise qui s’est exprimée à l’encontre de l’opération…

Selon Bloomberg, « Google et Nvidia ont fourni des informations qui appuient l’un des principaux arguments de la FTC, à savoir que Microsoft pourrait bénéficier d’un avantage déloyal sur le marché du cloud gaming, par abonnement et mobiles ». Le média rappelle néanmoins que Nvidia « a souligné la nécessité d’un accès égal et ouvert aux titres de jeux mais ne s’est pas directement opposé à l’acquisition ».

Nvidia opère un service de streaming appelé GeForce Now, tout comme Google avec Stadia. Celui-ci s’est toutefois révélé comme un échec et vient tout juste de fermer. Cette concurrence peut expliquer la position des entreprises. Pour le géant du Web, il faut également prendre en compte le fait qu’à travers le système Android, il permet à des millions d’utilisateurs d’accéder aux jeux de Microsoft.

Microsoft se défend de toutes les accusations

Cela démontre que plusieurs entreprises ont fait part d’inquiétudes par rapport au rachat d’Activision Blizzard, ce qui peut expliquer les réticences des régulateurs qui, justement, ont interrogé la concurrence pour mener à bien leur enquête sur ce dernier. Par ailleurs, les consommateurs sont, eux aussi, préoccupés : un groupe de joueurs a déposé une plainte aux États-Unis afin de s’opposer à la transaction, assurant qu’elle les affecterait négativement.

De son côté, Microsoft fait tout pour convaincre ses détracteurs. Depuis l’annonce de l’acquisition, l’entreprise affirme vouloir ménager Sony. Elle affirme en outre que Call of Duty ne deviendra pas un titre exclusif à l’écosystème Xbox. Dans ce sens, elle a passé des accords avec Nintendo et Valve pour que les jeux d’Activision soient présents sur leurs plateformes, et a même proposé un deal à Sony pour que Call of Duty soit également lancé sur PlayStation le même jour que sur Xbox, mais celui-ci a été refusé par la firme japonaise, selon Microsoft.

La firme de Redmond rappelle par ailleurs que l’accès au catalogue d’Activision Blizzard ne la propulserait pas en tête des ventes de consoles, où elle se place actuellement en troisième position derrière Sony et Nintendo. Elle insiste plutôt sur le fait que sa décision de racheter le studio a été motivée par l’envie de pénétrer dans le marché du jeu mobile, duquel elle est quasiment absente. Activision Blizzard détient en effet King, l’éditeur de la franchise Candy Crush.

La société espère toujours conclure le rachat d’ici au mois de juin 2023, tandis que la FTC se montre de plus en plus hostile aux fusions de grosses entreprises.