Alors que le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, se trouve cette semaine en Europe pour rencontrer les dirigeants du Vieux Continent, de plus en plus de personnes appellent à une régulation bien plus stricte du géant chinois par l’Union européenne.

TikTok considérée comme une menace pour la sécurité nationale aux États-Unis

Il s’agit de l’application incontournable chez les jeunes et sa popularité ne cesse d’accroître depuis son arrivée sur les marchés étrangers en 2018. Pourtant, TikTok inquiète vivement l’Occident, et plus particulièrement les États-Unis qui considèrent le réseau social comme une menace pour leur sécurité nationale.

Le pays estime que TikTok est exploité par Pékin pour espionner les utilisateurs américains et partager de la propagande communiste, et n’a pas hésité à l’interdire sur tous ses appareils gouvernementaux. La plateforme travaille actuellement d’arrache-pied pour conclure un accord avec Washington concernant les données personnelles des Américains ; si elle n’y parvient pas, TikTok pourrait être interdite outre-Atlantique.

Depuis que ces accusations sont proférées à son encontre, c’est-à-dire en 2020, TikTok conserve sa même ligne de défense. Elle assure ne pas être en relation avec le gouvernement de l’Empire du Milieu.

L’UE se réveille

En Europe, les dirigeants sont beaucoup moins frontaux avec l’entreprise chinoise. Si elle fait l’objet de plusieurs enquêtes concernant sa gestion des données personnelles, son traitement n’est pas différent de celui des géants américains comme Meta ou Google. Cependant, cette ligne de conduite pourrait évoluer, notamment suite aux informations selon lesquelles TikTok a espionné des journalistes en utilisant leur adresse IP.

Certains députés européens, à l’instar de l’Allemand Moritz Körner, réclament davantage de panache de la part du Vieux Continent pour contrôler TikTok. « L’Europe doit se réveiller », a-t-il déclaré. Emmanuel Macron n’a d’ailleurs pas hésité à critiquer l’application, la qualifiant de « faussement innocente ». De son côté, l’agence de protection des données de Hambourg, l’une des 16 du système fédéral allemand, a expliqué que restreindre TikTok sur les téléphones officiels serait une bonne idée.

« Sur la base de ce que nous savons des sources disponibles, nous partageons, entre autres, les préoccupations du gouvernement américain et accueillerions donc favorablement le fait que les agences gouvernementales de l’UE s’abstiennent d’utiliser TikTok », a déclaré l’un de ses porte-parole, cité par Politico.

Le PDG de TikTok veut calmer le jeu

À l’instar des géants de la tech américains, TikTok devra bientôt respecter les nouvelles lois européennes, les Digital Markets Act et Digital Services Act, qui devraient entrer en vigueur cette année. D’ailleurs, la rencontre de Shou Zi Chew avec la commissaire européenne Margrethe Vestager, organisée ce 10 janvier à Bruxelles, a porté sur les obligations qui découleront de ces deux textes pour TikTok. Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, a par ailleurs mis en garde Chew sur la nécessité de « respecter l’intégralité des règles » de l’UE.

Malgré les enquêtes et les textes de loi, certains Américains réclament plus d’efforts de la part de leurs alliés européens. « Il est important que Bruxelles prenne rapidement des mesures qui protégeront les consommateurs », a déclaré Brendan Carr, membre de la Commission fédérale des communications (FCC).

Il est probable que cette année, ces différents appels soient entendus. Les deux enquêtes menées au sein du bloc sur le géant chinois devraient en effet arriver à leur terme en 2023 ; si leur conclusion est encore méconnue, elles pourraient avoir un impact direct sur les activités de TikTok en Europe, où la plateforme revendique 250 millions d’utilisateurs.