Une équipe d’universitaires chinois affirme haut et fort depuis la fin du mois de décembre qu’ils ont réussi à trouver un moyen de déchiffrer l’algorithme de cryptographie le plus utilisé en ligne : le chiffrement RSA. Les chercheurs auraient utilisé un ordinateur quantique performant pour réussir cette prouesse. Toutefois, certains spécialistes se demandent si cela est réellement possible.

Un ordinateur quantique de 372 qubits mettrait à mal le chiffrement RSA

Dans leur publication, ces 24 chercheurs et doctorants chinois issus de plusieurs universités et laboratoires d’État explicitent la méthode qu’ils ont utilisée pour réussir à passer outre le chiffrement RSA. Ils auraient exploité un ordinateur quantique d’une puissance de 372 qubits, l’unité de base de l’informatique quantique qui permet le stockage des informations quantiques, à l’instar du bit dans l’informatique classique.

À titre de comparaison, en 2022, IBM a présenté Opsey, sa machine quantique de 433 qubits et devrait dépasser le seuil des 1 000 qubits cette année. Les appareils de l’entreprise américaine qui sont les plus puissants — parmi ceux présentés publiquement — seraient donc capables de casser le chiffrement RSA à partir du moment où l’algorithme conçu par les chercheurs chinois y est implanté.

Si leur méthode s’avère être correcte, il s’agirait là d’une véritable avancée dans le secteur de la sécurité informatique… Mais aussi d’une véritable désillusion pour le chiffrement RSA, très utilisé sur les plateformes d’e-commerce notamment. Cependant, plusieurs spécialistes se sont penchés sur cette technique de décryptage mise au point par les chercheurs chinois et elle est déjà sous le feu des critiques.

Peter Shor plutôt sceptique quant au fonctionnement de cet algorithme

Pour le Financial Times, Peter Shor, un mathématicien du Massachussets Institute of Technology (MIT), a donné son avis sur cette méthode. Il est notamment connu pour avoir mis au point un algorithme quantique portant son nom, et qui permettrait justement de casser le chiffrement RSA s’il était possible de l’implanter dans un ordinateur quantique. Le chercheur affirme que l’article n’est pas faux. Cependant, il ajoute que les chercheurs chinois n’ont pas réussi à déterminer à quelle vitesse l’algorithme qu’ils ont mis au point pourrait fonctionner.

En d’autres termes, même si cette méthode était au point, elle pourrait mettre des centaines, si ce n’est des milliers d’années pour qu’elle puisse enfin réussir à déchiffrer le RSA. « En l’absence de toute analyse montrant que ce sera plus rapide, je considère que le scénario le plus probable est qu’il ne s’agit pas d’une grande amélioration », conclut le célèbre mathématicien.

De son côté, Bruce Schneier, spécialiste en cryptographie affirme que la méthode mise au point par les universitaires chinois repose sur les travaux de Peter Schnorr parus en 2021, et qui eux-mêmes, sont sujets à débat. Il ajoute que selon lui, ces travaux n’auraient jamais dû être publiés. Au vu de l’importance du sujet, le gouvernement chinois aurait tout à fait pu classifier le dossier.

Une autre théorie vise à dire que ces travaux ont été rendus publics afin d’avertir les pays occidentaux quant aux avancées de la Chine dans le secteur de l’informatique quantique. Il est vrai que par le passé, la Chine a déjà essayé de prouver qu’elle était en avance dans ce domaine. En 2021, des chercheurs de l’Université de sciences et technologie de Chine affirmaient notamment que leur ordinateur quantique était bien plus puissant que celui mis au point par Google.