Taïwan a officiellement demandé, le 3 janvier, à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), à participer à la consultation organisée dans le cadre des rivalités sino-américaines sur les semi-conducteurs. À la suite des lourdes sanctions prises par Washington, en octobre, sur l’exportation de technologies liées au secteur contre la Chine, Pékin a répliqué deux mois plus tard par une plainte auprès de l’organisation internationale.
Taïwan veut être autour de la table
Pour motiver sa demande auprès de l’OMC, Taipei a fait valoir que le pays a « grand intérêt à savoir comment le différend affectera l’offre et la demande de produits semi-conducteurs dans nos échanges bilatéraux et sur le marché mondial ».
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La Chine a demandé à l’OMC un règlement de ses différends commerciaux avec les États-Unis à la mi-décembre. Elle estime que le pack de mesure de l’administration Biden sur la question des semi-conducteurs relevait du protectionnisme économique, d’un danger pour la chaîne d’approvisionnement mondiale et d’une atteinte aux règles du commerce international. Washington s’est contenté d’expliquer que les décisions prises relevaient de sa sécurité nationale, les semi-conducteurs étant à double emploi, civils et militaires, donc hors du champ de compétence de l’OMC.
Le processus de règlement des différends de l’OMC est normalement confidentiel. Il n’est cependant pas rare pour un pays tiers d’assister aux débats s’il est intéressé par le conflit traité. La Russie a, par exemple, demandé à participer à la consultation, étant visée, comme Pékin, par des sanctions économiques américaines.
Taïwan, de son côté, a mis en avant son intérêt commercial sur la question. Comme le rappelle la délégation, en 2021 « nos industries des semi-conducteurs ont contribué à 26 % des revenus mondiaux des semi-conducteurs ». Elle a ajouté que pour les dispositifs les plus avancés, faisant moins de 16nm, ce chiffre atteint les 61 %.
Les sanctions de Washington interdisent l’exportation vers la Chine de produits ou technologies, dans le domaine des semi-conducteurs, créer à l’aide de brevets américains, sans licence dédiée.
C’est ainsi que le fondeur Taïwan Semiconductor Manufacturing (TSMC) ou des entreprises sud-coréennes comme Samsung ou SK Hynix peuvent être contraintes de restreindre ou cesser leurs relations commerciales avec des entreprises chinoises listées par les États-Unis.
Le manque à gagner peut être significatif, la Chine étant un gros consommateur de semi-conducteurs. Les entreprises citées bénéficient d’une exemption d’un an sur l’application des directives de Washington, mais la question du contrôle des exportations se pose. Bloomberg rapporte qu’une délégation américaine doit se rendre à Taipei en janvier, pour échanger avec les autorités taïwanaises à ce sujet.