Ce mardi 3 janvier, à 20h00 heure française, l’autorité de la concurrence américaine fera face à Microsoft sur le rachat d’Activision (Call of Duty, Candy Crush) Blizzard (Overwatch, Warcraft) à hauteur de 69 milliards de dollars. Le GAFAM espère remporter cette bataille judiciaire afin de finaliser l’opération d’ici l’été 2023.

L’exclusivité Microsoft sur Call of Duty est au centre des débats

La Federal Trade Commission (FTC) a demandé à un juge d’interrompre la transaction au début du mois de décembre entre Microsoft et Activision Blizzard. L’autorité de la concurrence a déclaré que cette fusion permettrait à la filiale Xbox de Microsoft d’obtenir un accès exclusif aux jeux d’Activision, ce qui exclurait les consoles de Nintendo et Sony. Pour se protéger de cette accusation, Microsoft a argumenté dans un document de 37 pages destiné à convaincre l’autorité qu’elle affecterait le marché de manière positive. L’entreprise a notamment misé sur un décret juridique obligeant la disponibilité des jeux Call of Duty à ses rivaux, dont Sony pendant au moins 10 ans.

Microsoft fut étonné de cette réaction de l’administration. En effet, il est très rare qu’elle intervienne lors d’un rachat d’un éditeur de jeux vidéo par un constructeur. Elle préfère souvent se charger des rachats de concurrent direct pour éviter les risques de monopole. Ce rachat important a tout de même attiré l’œil de l’autorité, puisqu’il deviendrait la plus grosse acquisition de l’histoire des nouvelles technologies. L’administration Biden a renforcé son jugement antitrust depuis l’arrivée de Lina Khan. La commissaire de la FTC est reconnue pour son article « paradoxe antitrust d’Amazon » et pour sa politique contre l’expansion des GAFAM.

Le plus grand rival de Xbox, Sony, fabricant de la gamme Playstation se serait aussi lancé dans un lobbying intensif pour empêcher le rachat. Call of Duty représente une recette importante chaque année pour l’entreprise japonaise. La perte de cette licence pourrait même réduire les ventes de ses consoles.

Cependant, Microsoft semble très loin de cette stratégie d’exclusivité. En plus de son offre de décret, l’entreprise américaine opte pour une stratégie de cloud gaming. Depuis son lancement en 2017, le Xbox Game Pass propose de nouveaux jeux chaque semaine dans son catalogue disponible sur de multiples appareils. Ce plan est réalisé grâce aux rachats de nombreux studios. L’investissement porte ses fruits, en 2021, le service a réuni plus de 25 millions d’abonnées, soit un chiffre d’affaires de quasiment 3 milliards de dollars. Ce nouveau mode de consommation souhaite s’étendre à un plus grand public avec prochainement des publicités intégrées pour réduire le prix de l’abonnement.

La FTC ne sera pas la seule autorité que Microsoft va devoir convaincre. La Commission européenne a demandé une enquête avant de rendre son avis sur la transaction. La plus complexe semble être celle du Royaume-Uni qui a indiqué enquêter en profondeur sur le rachat. La Competition and Markets Authority a récemment forcé Meta à revendre Giphy.