L’équipe indienne de Fairwork, un institut de recherche dédié à la protection du droit du travail menacé par l’économie des plateformes, a dévoilé la quatrième édition de son rapport sur les conditions de travail imposées aux salariés indépendants en Inde. Parmi les douze entreprises sondées, figurent les géants américains Uber et Amazon.

Le classement est fondé sur cinq critères : une rémunération juste, des conditions de travail décentes, des contrats de travail transparents, une représentation et un management équitables. Cinq entreprises sur douze ont obtenu la note de 0 tandis qu’aucune des plateformes n’a obtenu une note supérieure à 8.

Graphique classant les acteurs de l'économie du numérique indiens sur les bonnes pratiques vis à vis de leurs employés

Source : Fairwork India Ratings 2022.

Flexibilité ou précarité ?

En l’espace de quelques années seulement, les plateformes se sont imposées comme des acteurs majeurs de l’économie numérique. Ces entreprises-intermédiaires, comme Uber et Airbnb, orchestrent la mise en relation entre des consommateurs et des fournisseurs de services indépendants. Une des promesses de ce nouveau modèle économique est de favoriser la création d’emplois, grâce à une simplification du statut de salarié, devenu indépendant. Au nom de la flexibilité, l’économie collaborative se soustrait aux normes qui prévalent traditionnellement sur le marché du travail, qu’elles aient trait à la protection sociale, aux formes d’organisation collective ou à la sécurisation de l’emploi.

Un point de départ vers une responsabilisation des plateformes

Le rapport met en évidence les graves manquements des plateformes en matière de droit du travail, malgré quelques initiatives favorables mais discrètes. Big Basket, Flipkart and Urban Company ont instauré des politiques de rémunération alignées avec le salaire minimum légal. En ce qui concerne le principe de management équitable, bigbasket, ces entreprises ainsi que Swiggy et Zomato ont mis en place un processus de traitement des contentieux, impliquant un représentant humain de la plateforme.

Cependant, aucune des entreprises sondées ne s’est engagée à fournir un salaire de subsistance à ses salariés. Les conclusions du rapport convergent vers l’idée qu’il est tout à fait possible de responsabiliser l’économie des plateformes, en conciliant croissance économique et équité sociale.

Un constat, pour quelles suites ?

L’objectif de Fairwork est de récompenser les entreprises qui s’engagent pour la protection des travailleurs, d’inciter les mauvais élèves à opérer des changements favorables aux salariés indépendants et plus largement à sensibiliser la société civile, les acteurs publics et privés : « Notre espoir est que les plateformes, les consommateurs, les travailleurs et les régulateurs utilisent tous le cadre Fairwork pour imaginer, et réaliser, une économie de plateforme plus juste en Inde. » Rendez-vous en 2023, pour le prochain rapport annuel.