Il est possible de trouver de tout sur un site de vente en ligne, y compris des bases de données biométriques de l’armée américaine, disponibles sur eBay au prix imbattable de 68 dollars. C’est ce qu’a révélé ce mardi Matthias Marx, un chercheur en sécurité allemand, lors d’un événement de hacker, à Berlin, ce 27 décembre.

L’armée américaine utilisait des dispositifs biométriques dans ses conflits au Moyen-Orient

Noms, nationalités, photos, empreintes digitales, et scanners d’iris de 2 632 personnes ont été découverts par le chercheur allemand sur la carte mémoire d’un dispositif appelé Secure Electronic Enrollment Kit (SEEK II). Ce type d’appareils était utilisé par l’armée américaine jusqu’au début des années 2010 dans ses opérations au Moyen-Orient. Certains sont maintenant disponibles sur eBay pour moins de 200 dollars, prix négociable.

Matthias Marx, aidé par des membres du célèbre Chaos Computer Club, a acquis six de ces dispositifs, dont deux avec des cartes mémoires encore pleines. La première, avec la base de données la plus conséquente, contenait les informations de personnes originaires d’Afghanistan et d’Irak, terroristes, personnes recherchées, simples citoyens contrôlés ou employés locaux des forces de l’OTAN. La seconde renfermait le même type de données, mais cette fois de soldats américains. Au moins un membre du renseignement du corps des Marines a été identifié, selon les vérifications du New York Times.

Selon les métadonnées des deux appareils, ils ont été utilisés pour la dernière fois en 2012, près de Kandahar, en Afghanistan pour le premier. En Jordanie, en 2013, pour le second. Ils sont ensuite tombés dans la main de revendeurs américains. Dans l’un des cas, il s’agissait d’une entreprise spécialisée dans l’achat et la revente de surplus militaire.

Le quotidien américain explique que les dispositifs biométriques étaient utilisés au cours de patrouilles, de vérifications d’identités, d’enquêtes sur l’explosion de bombes, de recrutement de personnels locaux par l’armée américaine au Moyen-Orient. Ils servaient à éviter le risque d’infiltration de talibans, notamment, parmi les auxiliaires embauchés. La présence de soldats américains sur l’une des cartes mémoires retrouvées s’explique par l’entraînement des troupes à l’utilisation des dispositifs.

Les anciens auxiliaires locaux menacés par la circulation de ces informations

Matthias Marx rapporte s’être intéressé à ces appareils biométriques à la suite du retrait précipité de l’OTAN d’Afghanistan en avril 2021. Il indique que leur utilisation était de notoriété publique et voulait savoir quel niveau de protections ils offraient pour l’identité des locaux ayant travaillé avec les troupes américaines ou autres.

Le chercheur a transmis les informations récupérées au New York Times, mais ne les a pas dévoilés publiquement pour éviter de mettre des vies en danger. Il redoute que des appareils abandonnés en Afghanistan puissent être exploités par Kaboul à des fins de représailles.

Par l’intermédiaire de l’un de ses porte-parole, le Pentagone a déclaré « Parce que nous n’avons pas examiné les informations contenues dans les appareils, le ministère n’est pas en mesure de confirmer l’authenticité des prétendues données ou de les commenter ». Il a toutefois été précisé que ces appareils ne devaient pas se retrouver dans la nature et demander leurs renvois auprès de l’armée à des fins d’analyse.