100 millions d’utilisateurs aux États-Unis ne suffisent pas pour profiter d’un avenir radieux chez l’Oncle Sam si l’on vient de Chine. Depuis plus de 2 ans, TikTok est menacé d’être suspendu ou contraint de revendre sa filiale américaine à une entreprise locale. C’est cette dernière solution qui serait privilégiée par certains membres du Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), selon les dernières indiscrétions recueillies par le Wall Street Journal.

L’avenir de TikTok aux États-Unis est incertain depuis 2 ans

Donald Trump, à l’origine d’une guerre commerciale contre la Chine, avait tout tenté, jusqu’aux derniers instants de son mandat, pour provoquer le rachat TikTok par une entreprise américaine, puis de l’interdire. Les tentatives de l’ex-président avaient toutes échoué devant la justice.

Son successeur démocrate, Joe Biden, avait décidé, une fois au pouvoir, d’abandonner les procédures envers l’application de l’entreprise chinoise ByteDance. Il avait toutefois promis une évaluation de sécurité du service. Le CFIUS, une autorité interagences qui négocie depuis 2020 avec TikTok, est l’organisme chargé de livrer ses recommandations à l’administration Biden.

Selon le Wall Street Journal, les représentants du Pentagone et du département de la Justice du Comité estimeraient que seule une vente forcée à une entreprise américaine résoudrait le cas TikTok. Les autorités craignent ouvertement que ByteDance, basée à Pékin, ne puisse pas résister à son gouvernement en cas de demande d’accès aux données des citoyens américains. Elles redoutent également que l’algorithme de TikTok puisse être manipulé pour promouvoir un narratif favorable à la Chine.

Diverses affaires ne plaident pas en la faveur de la maison mère du réseau social. En juin 2022 BuzzFeed News révélait que les données américaines étaient toujours accessibles aux employés chinois de ByteDance. Plus récemment, à la suite d’une enquête interne, l’entreprise a admis que deux de ses employés avaient consulté les données des comptes de deux journalistes.

Confronté aux positions supposées des représentants du CFIUS par Business Insider, le discours de TikTok n’a pas varié de ses réponses habituelles, « Nous pensons que ces préoccupations peuvent être entièrement résolues, et le CFIUS examine actuellement une solution complète qui répond aux principales préoccupations concernant la gouvernance d’entreprise, la recommandation et la modération du contenu, ainsi que la sécurité et l’accès aux données ».

La filiale de ByteDance tente de montrer patte blanche, sans convaincre

L’entreprise assure « Nous avons fait des progrès substantiels dans la mise en œuvre de cette solution au cours de l’année écoulée et nous sommes impatients de terminer ce travail pour mettre fin à ces préoccupations ». TikTok a, en effet, accepté de localiser ses données aux États-Unis, dont la gestion est assurée par Oracle, sous la supervision d’un conseil d’experts en sécurité. L’entreprise américaine aura également le pouvoir d’examiner l’algorithme de recommandation du service.

Des concessions qui ne semblent pas suffire à l’ensemble des membres du CFIUS en charge de la question. Le représentant du Trésor, à la tête du Comité, serait toutefois contre l’idée de recommander à Joe Biden de forcer la vente de la filiale locale de TikTok. Une position essentiellement motivée par crainte de voir cette décision annulée par la justice.

En attendant la prise de position officielle du CFIUS, suivie ou non par le président démocrate, le Congrès a formellement voté en faveur de l’interdiction de TikTok sur les téléphones gouvernementaux en cette fin décembre. Une décision qui suit celles déjà prises par le Pentagone, le département d’État, plusieurs agences et une douzaine d’États majoritairement républicains. Le Grand old Party, majoritaire au sein de la Chambre des représentants à partir de janvier, à la faveur des élections de mi-mandat, a déjà présenté une loi, avec quelques démocrates, pour une interdiction totale de TikTok.