La banque HSBC, en partenariat avec la multinationale informatique IBM, a publié un rapport explorant les principaux enseignements tirés des expérimentations de monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Depuis 2020, la Banque de France multiplie ces expérimentations pour essayer de savoir comment elle pourrait proposer un euro numérique aux Français dans un futur proche.

Le programme d’expérimentation de MNBC européenne avance progressivement

En mars 2020, la Banque de France annonçait le lancement d’un programme permettant de vérifier l’intérêt et la fiabilité d’une monnaie numérique européenne qui s’appellerait l’euro numérique. Avec l’aide de plusieurs partenaires, l’institution financière française a mené plusieurs d’expérimentations. Parmi ses collaborateurs, le cabinet de conseil Accenture, la banque Société Générale, la plateforme d’achat basée sur la blockchain Iznes, la fintech blockchain LiquidShare ou encore la plateforme de transactions numériques ProsperUS.

En juin 2021, une première expérimentation menée avec l’aide de SEBA Bank, une cryptobank suisse, a été concluante. Ce test consistait à utiliser de la MNBC pour simuler le règlement de titres cotés et déclencher leur livraison dans une plateforme de gestion des transactions financières. « Cette expérimentation a permis de démontrer les possibilités d’interactions entre les infrastructures conventionnelles et les infrastructures distribuées et ouvre la voie à d’autres alliances dans l’objectif de bénéficier des opportunités offertes par les actifs financiers dans un environnement blockchain », précisait Nathalie Aufauvre, Directrice générale de la Stabilité financière et des Opérations de la Banque de France.

À la fin de l’année 2021, une deuxième expérimentation a été réalisée avec succès, cette fois-ci avec la banque suisse HSBC et l’entreprise IBM. L’opération qui a été conçue pour tester l’interopérabilité d’un environnement de travail visait à émettre des titres obligatoires numériques sur une technologie de registre distribué (DLT). Il s’agit de bases de données décentralisées pouvant être gérées par plusieurs participants. « L’interopérabilité entre plateformes est un élément clé pour maximiser les avantages qu’apportent les DLT appliquées aux marchés financiers », ajoutait Nathalie Aufauvre.

Pas de décision prise avant 2023 pour l’euro numérique, un lancement officiel prévu pour 2027

Dans son rapport, la banque HSBC est justement revenue sur cette expérimentation qu’elle juge importe pour « améliorer la sécurité des transactions entre les banques centrales, les banques commerciales et les clients du monde entier ». Pour la banque suisse, il est important de bien concevoir les besoins des clients et la manière dont les entreprises utiliseraient l’euro numérique tout en garantissant la sécurité des transactions. Grâce à leur expérimentation, HSBC affirme que les DLT sont justement capables de répondre à ces exigences de confidentialité, de sécurité et de performances.

Toutefois, malgré ces réussites, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France affirmait sur BFM Business qu’il voulait « se rapprocher d’un prototype viable, le tester en pratique avec plus d’acteurs privés et plus de Banques centrales étrangères au second semestre de cette année et l’an prochain ». Cette déclaration confirme le fait qu’aucune décision sur l’euro numérique pour les particuliers ne sera prise avant la fin de l’année 2023. Au niveau européen, la Banque centrale européenne annonçait qu’elle lancerait officiellement sa MNBC pour 2027, se laissant de la marge pour la tester à grande échelle.

Ces dernières années, l’intérêt des pays pour les MNBC a décuplé. Le nombre de banques centrales s’intéressant à ces monnaies numériques a augmenté de 160 % entre 2019 et 2022. En Chine, le yuan numérique était utilisé par plus de 140 millions de personnes fin 2021 et quatre nouvelles provinces y ont accès depuis septembre 2022. En Inde, un projet pilote de roupie numérique a été lancé fin novembre 2022. Aux États-Unis, la banque de réserve fédérale de New York accompagné par plusieurs organismes va tenter ces prochains mois d’évaluer la faisabilité du dollar numérique.