Mark Zuckerberg a témoigné le 20 décembre devant un tribunal californien dans le cadre de la procédure engagée par l’autorité de la concurrence américaine, la Federal Trade Commission (FTC), visant à bloquer le rachat de la startup Within par Meta. L’entreprise comme l’autorité jouent gros dans cette affaire.

Meta et Within, une acquisition banale ?

Le rachat de l’application de Fitness de réalité virtuelle de Within par Meta, estimé à 400 millions de dollars, a bien faible allure par rapport aux autres dossiers en cours de la FTC : l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars ou encore celui de VMware par Broadcom à 61 milliards de dollars.

Mark Zuckerberg et Andrew Bosworth, le directeur technique de Meta, n’ont pas hésité à le faire sentir dans leurs témoignages respectifs. Le premier a noté que « Le fitness était probablement le quatrième ou cinquième cas d’utilisation » dans la réalité virtuelle, que si l’opération devait être bloquée ça ne l’empêcherait pas de dormir ou encore qu’il s’agit surtout de tenir un engagement pris en octobre 2021. Le second a mis en avant la veille que la décision avait été prise à cause de rumeurs sur une éventuelle acquisition d’Apple, « Nous craignions vraiment que si Apple les rachetait, ils deviennent exclusifs, car Apple a l’habitude d’acquérir des applications et de les rendre exclusives à sa plateforme ».

Et pourtant, Mark Zuckerberg se déplace rarement pour rien. Ce qui se joue devant la cour de San Jose, en Californie, pourrait changer l’application de la législation antitrust aux États-Unis à en croire la presse américaine. Depuis son arrivée à la tête de la FTC, Lina Khan tente d’en élargir le pouvoir et d’interpréter de façon extensive les textes sur la concurrence aux États-Unis pour lutter contre les géants de la Tech.

Une affaire antitrust aux implications insoupçonnées pour la FTC

Within représente un test. L’autorité a attaqué l’acquisition de Meta sur un angle jugé inédit : selon la FTC l’opération pourrait potentiellement limiter la concurrence dans un secteur émergent. Beaucoup de « si » et de « peut-être » assumées. L’objectif est de mettre fin ou d’entraver le rachat précoce, par des géants du numérique, de startup qui pourraient menacer leur domination à l’avenir. L’acquisition d’Instagram par Facebook a marqué les esprits à ce titre.

Le fondateur de Meta l’a bien compris. Interrogé sur sa volonté de « façonner l’avenir de la technologie », Mark Zuckerberg a répondu, légèrement agité relève le New York Times, « Oui. C’est une déclaration assez large, mais oui ». Il a tenté de convaincre le juge qu’avec le métavers c’est tout un écosystème qui est en train de naître, dont tout le monde bénéficiera. Des applications seront rachetées, d’autres indépendantes. En revanche, si la justice devait donner raison à la FTC, « Cela rendrait les investisseurs moins enthousiastes à l’idée d’investir dans cet espace ».

L’un des avocats de l’entreprise, Mark Hansen, est allé plus loin. Selon lui, la FTC cherche à éviter tout développement vertical des entreprises, « si vous êtes grand, que vous avez un intérêt dans quelque chose et que nous pensons que vous devriez plutôt le construire, nous allons vous empêcher de l’acheter et nous allons vous obliger à le construire ».

Le verdict de l’affaire, et ce qu’elle implique sur l’avenir des affaires de concurrence aux États-Unis devraient être rendus dans un délai relativement court. Selon des documents déposés par Meta, l’acquisition finale de Within a été reportée au 31 janvier, dernier délai, pour permettre au tribunal californien de statuer.