La plus grande métropole du monde a franchi un nouveau cap vers la neutralité carbone. Jeudi 15 décembre, le gouvernement métropolitain de Tokyo a approuvé un ensemble de réglementations visant à imposer l’installation de panneaux solaires sur les futurs bâtiments de la capitale, à partir d’avril 2025. 116,2 milliards de yens (soit plus de 800 millions d’euros) ont été débloqués pour concrétiser cette initiative.

Le projet de loi a été approuvé par une coalition menée par le parti majoritaire local, de tendance centriste et réformiste, le Tomin First no Kai, dont la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, fait partie. Cependant, le Parti libéral démocrate, principal force de droite et plus important parti politique du Japon, s’est opposé à la réglementation, en expliquant que la population ne saurait la comprendre et l’accepter.

Le défi est immense pour Tokyo, où cohabitent près de 14 millions d’habitants. Cette nouvelle réglementation s’inscrit dans un plan ambitieux de réduction des émissions de dioxyde de carbone de moitié par rapport à l’année 2000. Les législateurs locaux s’attaquent donc au chantier de l’habitat.

En effet, suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima et à la mise à l’arrêt consécutive de ses réacteurs nucléaires, le Japon est devenu de plus en plus dépendant aux énergies fossiles. La construction de logements est ainsi largement tributaire de ce mix énergétique extrêmement polluant. La crise énergétique mondiale a également poussé le pouvoir politique japonais à maîtriser sa consommation énergétique.

Les entreprises de construction, estimées à une cinquantaine, ainsi que les particuliers désirant faire construire leur futur logement, devront anticiper l’entrée en vigueur du projet de loi. Cette mesure devrait avoir un effet bénéfique sur l’empreinte carbone de la ville. En effet, le gouvernement de Tokyo estime que la moitié des bâtiments existants (dont 70 % de logements) seront remplacés par de nouvelles constructions d’ici 2050.

Au-delà de l’intérêt environnemental, l’argument financier est brandi par les législateurs pour justifier une telle décision. Le gouvernement métropolitain de Tokyo estime que le coût initial de 980 000 yens (6 751 euros) nécessaire à l’installation de panneaux solaires de 4 kilowatts peut être rentabilisé en l’espace de 10 ans, grâce aux recettes générées par les ventes d’électricité. Cet intervalle peut être ramené à six ans grâce aux subventions accordées par le gouvernement local. Masanari Furudate, membre de l’Assemblée législative de Tokyo, évalue à 1,2 million de yens (soit 8 264 euros), le bénéfice net moyen d’un propriétaire après 30 ans d’utilisation.