D’ici 2024, l’industrie mondiale des composants électroniques va investir plus de 500 milliards de dollars. Une somme principalement dédiée à la construction de nouvelles usines pour faire face à la demande croissante du secteur de l’automobile, de l’informatique ou de l’intelligence artificielle. Dans trois ans, 84 nouveaux sites de production seront implantés un peu partout dans le monde.
Près d’une centaine de nouvelles usines de fabrication d’ici cinq ans
L’association SEMI a publié le 12 décembre 2022, son rapport trimestriel World Fab Forecast analysant l’état actuel de l’industrie mondiale du semi-conducteur. Selon l’étude, le secteur devrait dépenser plus de 500 milliards de dollars pour la construction de 84 usines d’ici 2024. Plus de la moitié d’entre elles sont déjà en cours de construction depuis 2021 ou 2022.
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Pour l’année 2023, 33 nouvelles constructions vont débuter, un record. Cela fait 10 de plus que le nombre de constructions ayant débuté en 2022 et près du double des projets lancés en 2019 et 2020. Guerre en Ukraine, augmentation des taux d’intérêt, inflation faisant gonfler le prix des matières premières : alors que la situation pour les géants technologiques reste relativement préoccupante, les leaders du marché des semi-conducteurs ont fait le choix d’investir massivement.
Des investissements qui s’expliquent par des demandes formulées par les gouvernements de pays bien implantés dans cette industrie selon Ajit Manocha, président-directeur général de SEMI, « Le rapport souligne l’impact significatif des incitations gouvernementales sur l’expansion de la capacité de production et le renforcement des chaînes d’approvisionnement », affirme-t-il. « La dernière mise à jour de SEMI World Fab Forecast reflète l’importance stratégique croissante des semi-conducteurs pour les pays et un large éventail d’industries dans le monde », ajoute le dirigeant de l’organisme.
Europe, États-Unis, Chine, Japon : tous investissent dans les semi-conducteurs
Entre 2021 et 2022, plusieurs pays ont mis en place des plans pour attirer les acteurs des semi-conducteurs sur le sol dans un but de souveraineté. Tout d’abord, la Commission européenne a dévoilé en février 2022, un plan à 43 milliards d’euros pour doubler la part de marché de l’Europe, la faisant passer de 10 à 20%. Au sein de la région Europe Moyen-Orient Afrique (EMEA), 17 usines vont être construites d’ici 2024, un record en corrélation avec la volonté de l’Union européenne.
Le Japon devrait construire 6 nouvelles usines d’ici 2024. Le pays a récemment fait part de sa volonté de retrouver sa place d’antan dans le secteur des semi-conducteurs, avec son propre plan de subvention. En tout, sur les dix prochaines années, presque 40 milliards de dollars vont être investis par plusieurs acteurs japonais, dont l’État lui-même, pour le bon fonctionnement de son entreprise.
Aux États-Unis, le Chips Act ratifié par Joe Biden va apporter 280 milliards de dollars aux entreprises pour renforcer l’avance technologique du pays sur la Chine. Micron, Qualcomm et GlobalFoundries ont investi dès la ratification de cette loi. 18 nouvelles usines devraient voir le jour dans les prochaines années, dont celles d’Intel, en Arizona et dans l’Ohio. TSMC a aussi commencé la construction d’une usine aux États-Unis.
Son rival technologique, la Chine, a aussi pris des mesures pour investir convenablement dans ce secteur. Maintenant qu’elle ne peut plus avoir accès aux composants électroniques et aux outils permettant de les fabriquer auprès des États-Unis et de ses alliés, l’Empire du Milieu ne devra compter que sur lui-même. Le pays va construire une vingtaine d’usines supplémentaires dans les trois prochaines années, un chiffre record.
De son côté, Taïwan porté par le leader du semi-conducteur, Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC), va construire sur son territoire, 14 nouveaux sites de production. Pour l’Île, sa position dominante dans le secteur est aussi un argument pour garantir sa souveraineté face à la Chine. Industriel comme gouvernement mise sur son bouclier de silicium, la matière avec laquelle sont fabriqués les semi-conducteurs, pour dissuader Pékin de tenter de l’envahir.