L’Administration Biden a décidé de frapper un grand coup, en octobre, contre l’industrie des semi-conducteurs chinoise. Cette politique devrait se poursuivre, avec l’arrivée prochaine du fabricant Yangtze Memory Technologies (YMTC) sur l’Entity List, la liste noire des États-Unis. Une telle décision pourrait lui compliquer sévèrement l’accès aux technologies ou pièces nécessaires pour son activité.
Yangtze Memory Technologies rejoint contre son gré l’Entity List
Selon le Financial Times, le département américain du Commerce placera YMTC ainsi que plusieurs entreprises chinoises dans l’Entity List, au plus tard le 18 décembre 2022. Si cette décision intervient deux mois après l’annonce des larges restrictions américaines autour des semi-conducteurs, ce n’est pas un hasard.
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Lors de la mise en place de ces mesures restrictives, les États-Unis avaient constitué une autre liste, celle des entreprises chinoises devant faire l’objet d’une vérification accrue. Ces entités avaient alors deux mois pour prouver « qu’elles n’étaient pas impliquées dans des activités pouvant mettre en péril la sécurité nationale des États-Unis ».
Selon l’Administration Biden, YMTC aurait violé plusieurs contrôles américains à l’exportation. La firme chinoise aurait fourni au géant technologique chinois Huawei, des puces de mémoire pour ses smartphones, ce qui serait contre les mesures restrictives prises par Donald Trump lors de son mandat en tant que président des États-Unis. Depuis 2019, les fournisseurs de l’Empire du Milieu et d’ailleurs sont immédiatement sanctionnés s’ils approvisionnent Huawei. C’est pour cette raison que YMTC devrait rejoindre l’Entity List prochainement. Le fabricant devra obtenir des licences pour obtenir des produits américains, licences que l’administration Biden a déjà promises difficiles à obtenir.
Les États-Unis espèrent stopper la progression chinoise dans le marché des semi-conducteurs
Alan Estevez, haut responsable du département du commerce pour les contrôles à l’exportation, a affirmé que « la Chine avait cédé et autorisait les inspections de certaines entreprises après une longue période de non-coopération ». Après avoir longtemps interdit les contrôles des autorités américaines, boursières ou autres, sur ses entreprises, Pékin a finalement, début décembre, décidé de les accepter. Un pas vers Washington dans un souci d’apaisement.
Toutefois, avec l’arrivée de YMTC dans l’Entity List, la Chine pourrait manifester son mécontentement. Si les États-Unis ont tout de même pris cette décision, c’est parce qu’ils craignent que le gouvernement chinois dicte à la société de vendre des composants électroniques à un prix inférieur à leur coût moyen, ce qui déréglerait le marché.
Bien avant la mise en place de ces mesures restrictives en octobre dernier, Xi Jinping a annoncé que le développement économique du pays passerait par son autonomie technologique. Les semi-conducteurs occupent une place prépondérante dans ce désir d’autonomie, il s’agit de l’un des produits pour lequel le pays dépend le plus de l’étranger.
De leur côté, au-delà des arguments présentés sur le marché, les États-Unis espèrent que ses mesures permettront de mettre un frein à l’expansion technologique chinoise. L’Administration Biden est par ailleurs en train de discuter avec le Japon et les Pays-Bas dans le but d’empêcher leurs entreprises respectives de vendre des équipements permettant de fabriquer des puces de pointe à la Chine.