Le ministère de l’Information et des Communications du Vietnam a publié un communiqué la semaine dernière indiquant que les entreprises n’auront pas le droit de placer des publicités sur des contenus jugés « toxiques », allant à l’encontre de l’État, ou qui enfreignent les droits d’auteur. Le bureau de la radiodiffusion et de l’information électronique a communiqué dans ce sens en alertant contre le contenu « faux, obscène, contraire aux traditions, sensationnel ou piège à clics ».

Une répression de l’Internet de plus en plus forte au Vietnam

Dans le cadre d’une répression croissante de l’Internet, le Vietnam rédige actuellement une liste noire de sites qui ne pourront plus recevoir de revenus publicitaires s’ils sont jugés comme ayant publiés du contenu anti-gouvernemental ou s’ils sont considérés comme « toxiques ».

Hanoï va plus loin en indiquant que les entreprises qui font de la publicité sur ces sites seront « punies strictement ». À ce titre, le pays va dévoiler une liste blanche de sites sûrs pour les publicités début 2023. C’est un pas en arrière pour les défenseurs des droits qui considèrent que le climat est de plus en plus hostile à la liberté d’expression.

Cette décision intervient suite à une volonté du Vietnam de surveiller les nombreux comptes de médias sociaux qui diffusent des informations à travers le pays. De plus en plus de jeunes se tournent vers les réseaux sociaux pour s’informer, ce qui ne plaît pas au gouvernement vietnamien qui s’attaque à ces plateformes en tentant de restreindre les informations qu’elles diffusent.

Depuis quelques années, d’après le média Nikkei Asia, le Vietnam a mis en place des cyber-troupes afin de nettoyer Internet de la dissidence. Le gouvernement a en ligne de mire les géants de la tech qui doivent se plier aux règles imposées par les autorités. Certains font déjà preuve d’obéissance pour pouvoir rester opérationnel dans ce pays de 100 millions d’habitants. La preuve : en 2020 Facebook a fini par céder aux exigences imposées par le Vietnam.

Quid des géants de la tech ?

Les annonceurs voient ces nouvelles mesures d’un mauvais œil. Ils ont fait part de leurs inquiétudes concernant les algorithmes. Ils craignent que leurs publicités soient diffusées aux côtés de contenus politiques sensibles ou dans des vidéos diffusant de la désinformation. Un porte-parole du média Nikkei Asia a déclaré que Meta, société mère de Facebook et Instagram, a commencé à mettre en place « des contrôles de sécurité de la marque que les entreprises peuvent utiliser pour empêcher leurs publicités de fonctionner aux côtés de certains types de contenu sur nos plateformes ».

Du côté des autorités vietnamiennes, YouTube et Facebook sont accusés de tolérer du contenu « illégal » sur leur plateforme. Selon VnExpress, le cas d’un utilisateur de TikTok avec 600 000 abonnés, qui a été récemment condamné à une amende de 300 dollars pour un contenu jugé « offensant », est l’exemple type de créateur qui pourra bientôt être placé dans la liste noire du gouvernement vietnamien.

Le ministère de l’Information a déclaré que « les entreprises de publicité transfrontalières qui ne respectent pas les lois vietnamiennes ne seront pas autorisées à opérer au Vietnam ». Le gouvernement menace les géants de la tech qui « ne font pas assez pour bloquer les messages répréhensibles ». À l’inverse, les défenseurs des droits trouvent que des sociétés telles que Facebook ou Google acceptent trop facilement les règles imposées par les autorités vietnamiennes.