Alors qu’il devait témoigner devant le Congrès, Sam Bankman-Fried, ex-PDG et cofondateur de la plateforme d’échange de cryptomonnaie FTX, a été arrêté aux Bahamas sur demande américaine. Depuis, les charges pesant contre le trentenaire aux États-Unis s’accumulent, venant du gendarme de la bourse américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), du procureur de New York, et de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) l’organisme indépendant de régulation financière américain.

Les prêts de FTX à la société de capital-risque Alameda Research jugés frauduleux

Sam Bankman-Fried, SBF, pensait peut-être avoir vécu le pire lorsqu’il a dû déclarer sa plateforme FTX en faillite le 11 novembre. Si c’est le cas, il a dû se raviser ce mardi 13 décembre. Après son arrestation aux Bahamas, où il vit et où est basé FTX, les accusations venant de différentes autorités américaines sont dévoilées les unes après les autres.

La SEC a été la première à dégainer. Dans un communiqué, le gendarme de la bourse américaine a accusé l’homme d’avoir fraudé les investisseurs ayant injecté 1,8 milliard de dollars dans FTX depuis mai 2019, dont 1,1 milliard venant d’acteurs américains. Gary Gensler, président de l’autorité, a déclaré « Nous alléguons que Sam Bankman-Fried a bâti un château de cartes fondé sur une tromperie, tout en disant aux investisseurs que c’était l’un des bâtiments les plus sûrs en crypto ».

Trois griefs ont été retenus contre SBF. D’abord d’avoir détourné des fonds des investisseurs de FTX vers sa société de trading privée Alameda Research. Il est accusé d’avoir menti aux investisseurs, en mettant en avant les mesures de sécurité prises par FTX pour les protéger, alors même que, enfin, les fonds étaient en réalité réutilisés sous forme de prêts illimités à Alameda, opérant des opérations beaucoup plus risquées.

Le Financial Times, avait noté que la SEC a uniquement le pouvoir d’engager des poursuites civiles, mais que Sam Bankman-Fried risquait des années de prison en cas d’enquête criminelle du procureur du district sud de New York.

Plus tard dans la journée, AP a donné une idée de la gravité des accusations portées par ledit procureur. Sur ce volet, SBF est inculpé de huit chefs d’inculpation sur les mêmes faits mis en évidence par la SEC. Parmi elles, fraude électronique, blanchiment d’argent, conspiration visant à frauder les États-Unis, fraude sur les valeurs mobilières. L’ancien étudiant du célèbre Massachusetts Institute of Technology, se voit aussi reprocher d’avoir enfreint les lois sur le financement des campagnes, étant l’un des plus gros donateurs politiques de 2022. À en croire Reuters, la CFTC devrait suivre le mouvement, en exposant ses propres accusations, dans les heures qui viennent.

Sam Bankman-Fried a plutôt intérêt à muscler sa défense

Après avoir gardé le silence pendant un peu plus d’une quinzaine de jours après la faillite de FTX, Sam Bankman-Fried avait décidé d’intervenir lors d’un événement du New York Times. L’occasion pour lui de reconnaître des erreurs, mais de plaider l’incompétence plutôt que la volonté de fraude. Il avait également déclaré tout ignoré du détail des activités d’Alameda Research, n’étant pas impliqué dans la gestion directe de la société de capital-risque.

Cette ligne de défense n’a visiblement pas convaincu les autorités américaines. La SEC est très claire sur ce point, « nous tenons aujourd’hui M. Bankman-Fried responsable d’avoir frauduleusement collecté des milliards de dollars auprès des investisseurs de FTX et d’avoir utilisé à mauvais escient des fonds appartenant aux investisseurs de FTX ».

L’homme, dont la fortune a été un temps estimé à plus d’une dizaine de milliards de dollars est aussi poursuivi par les autorités des Bahamas pour les mêmes faits. Il aura la possibilité de contester son extradition vers les États-Unis, mais aura peu de chance d’obtenir satisfaction.

Gary Gensler, président de la SEC, qui milite pour un encadrement plus strict des crypto-actifs, en a profité pour avertir, « La fraude présumée commise par Bankman-Fried est un signal d’alarme pour les plateformes de cryptomonnaies, qui doivent se mettre en conformité avec nos lois ».