The Line est le nom d’une ville futuriste qui doit voir le jour en Arabie saoudite. Annoncée il y a 5 ans, cette mégalopole désirée par le prince héritier Mohammed ben Salmane et bâtie sur les rives de la mer Rouge, est en train de sortir de terre.

Les premières images satellites de The Line

Des images satellites exclusives permettent de voir l’avancement de la construction de The line. Étonnement, les images satellites de Google Maps ne permettent pas de voir l’évolution des travaux, mais le MIT Technology Review a tout de même réussi à obtenir des images satellites. Début 2021, le prince héritier Mohammed bin Salman d’Arabie saoudite a annoncé que The Line serait « une révolution civilisationnelle » et que la ville futuriste abriterait jusqu’à 9 millions de personnes.

Longue de 170 kilomètres, haute de 500 mètres et large de seulement 200 mètres, cette ville a été pensée pour fonctionner grâce aux énergies renouvelables et se veut neutre en carbone. Les premières images satellite du projet à 500 milliards de dollars, obtenues en exclusivité par le MIT Technology Review, montrent que le vaste chantier linéaire de The Line prend déjà forme, traversant les déserts et les montagnes du nord de l’Arabie saoudite. Le site, profond de plusieurs dizaines de mètres par endroits, grouille de plusieurs centaines de véhicules de construction et probablement de milliers d’ouvriers, eux-mêmes logés dans des bases à proximité.

Le chantier de The Line prend forme. Image : Soar Earth

L’analyse des images satellite par Soar Earth, une startup australienne, suggère que les ouvriers ont déjà sorti environ 26 millions de mètres cubes de terre et de roche, soit 78 fois le volume du plus haut bâtiment du monde, le Burj Khalifa. Les images officielles du chantier de The Line, diffusées en octobre, montrent en effet des flottes de bulldozers, de camions et de pelleteuses en train de creuser les fondations. Pourtant, quand on se rend sur Google Maps ou Google Earth, les images des travaux n’apprissent pas. En vous rendant sur l’emplacement de la future ville, vous ne verrez que de la roche et du sable.

Comme l’expliquent les journalistes du MIT Technology Review, « cet étrange manque d’images soulève la question de savoir qui a accès à la technologie satellitaire haute résolution. Et si le plus grand chantier urbain de la planète n’apparaît pas sur Google Maps, que ne peut-on pas voir d’autre ? ». Lorsque les images des premiers travaux ont été publiées, Amir Farhand, PDG et fondateur de Soar Earth, a commencé à se poser des questions. Il a cherché à comprendre où étaient les images haute résolution de ce projet.

Jamon Van Den Hoek, professeur de géographie et directeur du Conflict Ecology Lab de l’Oregon State University, explique que « l’une des principales utilisations commerciales de l’imagerie satellitaire est d’aider les entreprises à comprendre comment leurs rivaux ou des pays entiers se débrouillent sur le marché mondial, pour voir, par exemple, combien de grues sont actives sur la ligne d’horizon de Manhattan en ce moment, ou combien de pétroliers sont au port ». Les images de The Line auraient-elles été achetées ?

Difficile à dire, mais ce qui est certain, c’est que The Line est un projet particulièrement controversé. L’impact environnemental d’un tel chantier en plein désert sera phénoménal et la plupart des technologies que la ville est censée intégrer n’ont pas encore fait leurs preuves. Aussi, le peuple Huwaitat a été expulsé de la zone pour faire place nette. Une personne qui protestait contre le déplacement de ce peuple a été abattue par les forces de sécurité saoudiennes, et trois autres ont récemment été condamnées à mort.