Le procureur général de Washington D.C., Karl Racine, vient d’entamer des poursuites à l’encontre d’Amazon, pour avoir utilisé les pourboires de ses livreurs afin de payer leur salaire normal. Il cherche à obtenir des réparations pour les clients du géant de l’e-commerce qui ont versé ces pourboires. Explications.

Les livreurs ont été dédommagés, mais pas les clients

Entre 2016 et 2019, Amazon s’est servie des pourboires obtenus par ses livreurs indépendants utilisant le service Amazon Flex pour les rémunérer. Ce système de détournement fonctionnait en indiquant un paiement minimum garanti à un livreur, puis en compensant ce montant par des pourboires, au lieu de logiquement fournir des pourboires en plus du salaire minimum. Amazon a dérobé d’importantes sommes de la poche des livreurs de cette manière : le montant le plus élevé des pourboires retenus auprès d’un seul chauffeur est supérieur à 28 000 dollars, le montant moyen par livreur s’élevant à 422 dollars.

La Federal Trade Commission (FTC), agence fédérale chargée de l’application du droit à la consommation, a enquêté sur cette affaire et a infligé, en 2021, une amende de 61,7 millions de dollars à Amazon. Cette somme a été versée aux livreurs victimes du système déloyal mis en place par le géant américain. Seulement, le procureur général de Washington D.C. estime que cet argent a également été dérobé aux personnes ayant donné les pourboires car avant, pendant et après l’accord de l’entreprise avec la FTC, elle a toujours assuré aux clients que 100 % des pourboires étaient versés aux chauffeurs.

La plainte de Karl Racine, consultée par le média Ars Technica, allègue qu’Amazon a violé la loi sur les procédures de protection des consommateurs en vigueur à Washington D.C. en « mentant aux consommateurs sur le fait que les pourboires seraient entièrement reversés aux chauffeurs d’Amazon Flex et augmenteraient la rémunération des travailleurs ». Étant donné que les clients n’ont reçu aucun dédommagement de la part de la FTC, le procureur suggère que c’est au tribunal d’« envoyer un message clair aux employeurs pour qu’ils ne détournent pas les pourboires à leur propre avantage ».

Amazon « doit mieux faire », selon le procureur

« Rien n’est plus important pour nous que la confiance des clients. Ce procès concerne une pratique que nous avons modifiée il y a trois ans et est sans fondement. Tous les pourboires clients en cause ont déjà été versés aux chauffeurs dans le cadre d’un accord conclu l’année dernière avec la FTC », déclare une porte-parole d’Amazon.

« Les consommateurs ont besoin de savoir où vont leurs pourboires. Ce procès vise à fournir aux travailleurs les pourboires qui leur sont dus et à dire la vérité aux consommateurs. Amazon, l’une des entreprises les plus riches du monde, n’a certainement pas besoin de prendre les pourboires qui appartiennent aux travailleurs. Amazon peut et doit faire mieux », assure, de son côté, Karl Racine.

Le procureur général sanctionne régulièrement les pratiques des acteurs de la gig economy. En octobre, il a poursuivi la société de livraison Shipt pour avoir classé à tort des employés comme des entrepreneurs indépendants, tandis qu’en mars, il a ciblé la plateforme de livraison Grubhub pour des pratiques commerciales trompeuses.