La British Broadcasting Corporation (BBC) a annoncé par l’intermédiaire de son directeur général, Tim Davie, qu’il se préparait à l’éventualité qu’internet devienne le média numéro 1 au détriment de la télévision ou de la radio d’ici une quinzaine d’années. Cette annonce faite par le plus ancien radiodiffuseur de la planète a étonné plusieurs spécialistes du domaine des médias.

Le jeune public se désintéresse progressivement de la télévision et de la radio

Dans le cadre de son discours devant la Royal Television Society (RTS), une association britannique dont les membres sont spécialisés dans la télévision en tant que média, Tim Davie a pris le temps d’évoquer le futur de la BBC. Pour lui, de nombreuses chaînes de télévision et stations de radio devraient fermer leurs portes à l’aube de la prochaine décennie, le public se délaissant des médias traditionnels.

Pour le patron de la BBC, les jeunes adultes ont désormais tendance à consulter les réseaux sociaux et les plateformes de vidéo en ligne comme YouTube ou Netflix pour s’informer et se divertir, au détriment de la télévision et de la radio. Alors que 80 % d’entre eux consommaient les contenus de médias traditionnels il y a cinq ans, ils ne sont plus que 50 % à s’y intéresser. À titre d’exemple, aux États-Unis, le streaming a pour la première fois dépassé les audiences des chaînes de télévision du câble et du satellite, pourtant spécialisées dans la diffusion de films et de séries.

Or, pour une chaîne de télévision ou une station de radio, faire de l’audience est primordial puisque c’est ce qui permet d’attirer les annonceurs. Avec une portée moindre, les entreprises sont moins enclines à dépenser les mêmes sommes d’argent pour diffuser une publicité qui sera moins observée qu’auparavant.

La BBC 100 % numérique au cours de la prochaine décennie ?

« Imaginez un monde uniquement Internet, où la télévision et la radio sont éteintes et où le choix est infini. Une interruption de la diffusion se produira et devrait se produire au fil du temps, et nous devrions être actifs dans sa planification », lance alors Tim Davie devant le collège du RTS. Le dirigeant de la BBC en est sûr et préfère ainsi, anticiper un éventuel changement des habitudes du grand public, et en particulier celui des jeunes.

Pour ce qui est des personnes plus âgées, la télévision et la radio sont encore très présentes dans leur quotidien. Toutefois, dans une quinzaine d’années, le nombre de jeunes habitués aux réseaux sociaux et aux appareils connectés va considérablement augmenter. Pour remédier à ce phénomène, la BBC a imaginé une stratégie tournée vers le numérique. Elle a alors anticipé le fait que ses canaux de diffusion disparaissent dans les prochaines années. Suite à ces fermetures, le groupe réunirait l’ensemble de ses contenus au sein d’une seule offre disponible sur internet. À noter que la BBC a déjà mis en place un plan pour passer à moyen terme deux de ses chaînes, BBC Four et CBBC, en 100 % numérique.

Par ailleurs, une autre problématique laisse à croire que la télévision et la radio vont être progressivement délaissées un peu partout dans le monde. Au Royaume-Uni, la question de la conservation de la redevance audiovisuelle est encore sur le tapis, elle qui est l’une des sources de revenus permettant le bon fonctionnement du secteur de l’audiovisuel public britannique. En France, celle-ci n’existe plus depuis cette année, ce qui ampute France Télévisions d’une manne financière importante.

Toutefois, au sein de l’hexagone, la télévision reste un média qui intéresse de nouveaux acteurs souhaitant se lancer dans le secteur privé. C’est ce qu’a prouvé le lancement de l’appel à candidatures lancé par l’Arcom pour l’attribution des canaux historiques de TF1 et M6. Xavier Niel, via sa holding NJJ Médias, s’est montré très intéressé pour l’obtention, dans un futur proche, d’une fréquence lui permettant de lancer sa propre chaîne de télévision.