Le ciblage publicitaire est l’un des principaux outils de Meta pour prospérer. L’utilisation de ce type de publicité par le géant des réseaux sociaux pourrait être limitée par l’Union européenne. Selon le Wall Street Journal, la décision a été prise par le comité européen de la protection des données (CEPD) ce lundi 5 décembre : Instagram ou Facebook ne pourront plus traquer les personnes qui ne le souhaitent pas.

Meta pourra faire appel

Dans les faits, cette décision du CEPD n’oblige pas Meta à changer immédiatement. Cependant, elle demande à la Commission irlandaise de protection des données (DPC) d’émettre des ordonnances publiques reflétant les décisions prises par l’autorité européenne. En conséquence, la CNIL irlandaise pourra infliger des amendes importantes à la société de Mark Zuckerberg. La DPC joue un rôle important dans la protection des données personnelles en Europe, l’Irlande accueille les sièges européens des géants comme Meta, Apple ou encore Google. Les mastodontes du numérique choisissent ce lieu pour ces nombreux avantages fiscaux inégalables en Europe.

Contactées par le quotidien américain, les deux autorités ont confirmé que des décisions avaient été prises, mais elles n’ont pas désiré en commenter le contenu. Un porte-parole de Meta a déclaré qu’il était encore « trop tôt pour spéculer ». Il a ajouté que le droit européen pourrait permettre d’autres justifications légales pour l’utilisation des publicités ciblées. L’entreprise a également rappelé son respect des règles européennes et sa collaboration aux enquêtes de la CEPD.

Dans le passé, la DPC, sur ordre de l’Union européenne, a déjà condamné Meta pour des violations de la vie privée. En septembre, Meta a reçu une amende de 402 millions d’euros pour avoir traité de façon illicite les données personnelles des enfants. Au mois de novembre, la DPC a infligé une amende record de 265 millions d’euros pour avoir enfreint à plusieurs reprises le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Au cours des 15 derniers mois, ce sont plus de 900 millions d’euros d’amende qui ont été infligés à Meta par la commission irlandaise.

Pour se défendre contre les prochaines décisions des autorités européennes sur le ciblage publicitaire, Meta pourra faire appel. Les deux recours laisseraient suffisamment de temps à l’entreprise pour se conformer suffisamment aux demandes des institutions afin d’échapper à une énième amende européenne.

L’Union européenne n’est pas la seule à être vent debout contre l’utilisation du ciblage publicitaire par Meta. La maison mère de Facebook subit déjà l’App Tracking Transparency d’Apple. En avril 2021, Cupertino a obligé les applications à demander le consentement des utilisateurs pour pouvoir exploiter leurs données et donc avoir recours au ciblage publicitaire. L’entreprise de Mark Zuckerberg avait déclaré que ce changement avait réduit ses revenus de 8% en 2021 et qu’elle en subissait toujours les conséquences.

La limitation de l’utilisation des publicités ciblées par Meta ne va pas arranger la situation de l’entreprise. Au cours des douze derniers mois, la valeur de ses actions a chuté de 66%, passant de 338 dollars à 114 dollars. Entre les problèmes liés à la publicité et la stratégie coûteuse du métavers, les investisseurs sont de plus en plus réticents à investir dans une société qui rapporte moins sur le court terme.