Le 30 novembre, la Commission européenne a adopté une nouvelle proposition de règlement visant à élaborer une certification des techniques d’absorption et de stockage du carbone. Ces dernières se fondent sur le mécanisme naturel des végétaux à capturer le carbone présent dans l’atmosphère ou font l’usage de technologies pour reproduire ce phénomène.

Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l’Europe, a justifié cette proposition en expliquant que « Pour parvenir à la neutralité climatique, nous devons réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre, mais nous devons également éliminer le carbone de l’atmosphère ».

Afin de lutter contre l’écoblanchiment des acteurs industriels et face à la multiplication des projets d’élimination de carbone, les législateurs européens ont défini un cadre structurant pour la certification de telles opérations.

L’évaluation des projets sera l’apanage d’un acteur indépendant. La certification repose sur quatre critères : quantification, additionnalité, stockage à long terme et durabilité. La proposition encourage également l’usage de technologies de captage et de stockage du carbone, qu’elles soient industrielles ou naturelles. Pour Frans Timmermans, « Les absorptions de carbone certifiées créent de nouveaux débouchés commerciaux pour les agriculteurs ».

Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de Pacte Vert européen. Cette feuille de route environnementale matérialise la volonté d’atteindre la neutralité carbone pour l’ensemble des pays de l’Union européenne d’ici à 2050. On y retrouve, par exemple, l’interdiction de vente de voiture thermique dès 2035.

Les associations environnementales sont dubitatives

Cependant, des voix s’élèvent parmi les associations environnementales pour dénoncer l’initiative. Selon eux, plusieurs éléments, occultés dans la proposition de règlement, pourraient remettre en cause l’efficacité des mesures du texte. D’abord, ils estiment que les techniques actuellement utilisées pour absorber le carbone n’ont pas démontré d’efficacité réelle et durable. Les plus récentes innovations n’ont également pas pu être testées sur le long terme, ce qui questionne sur la pérennité de ces technologies.

Une autre critique est qu’il est difficile de mesurer et de s’assurer de la durée de vie d’un projet de stockage. Par exemple, de nombreux projets consistent à capturer les émissions de carbone dans des zones forestières grâce aux arbres et à la terre. Mais ces milieux sensibles sont exposés aux risques naturels. De plus, la plantation de nouveaux arbres, autre solution souvent privilégiée par les entreprises, ne garantit pas leur longévité. Les critères de stockage à long terme et de durabilité ne sont pas réellement satisfaits.

Une pétition réunissant d’ores et déjà plus de 200 acteurs associatifs à travers l’Europe, comme Biofuelwatch et CCFD – Terre Solidaire, appelle à rejeter la proposition, expliquant que cette dernière va encourager la prospérité de l’économie fossile tout en détournant l’attention des réels enjeux environnementaux. Pour entrer en vigueur, le projet de loi devra être préalablement approuvé par le Conseil et le Parlement européen. Le texte initial va très probablement évoluer au fil des mois et des négociations.