Adobe vient d’annoncer que les œuvres d’art générées par des intelligences artificielles (IA) pourraient être mises en vente sur sa banque d’images, Adobe Stock. Une décision qui va à l’encontre d’autres plateformes en ligne.

Un « grand bond en avant pour les créateurs »

Dall-E, Midjourney, Stable Diffusion, les IA génératrices d’art sont de plus en plus populaires. En permettant aux utilisateurs de créer un visuel en seulement quelques secondes à partir d’un simple texte, elles chamboulent le monde de l’art et créent la controverse, à l’instar de la victoire de ce tableau généré par une IA lors d’un concours qui s’est produit dans l’État du Colorado.

Malgré la polémique, Adobe a décidé de donner une chance à ces artistes 2.0 en ouvrant son service de banque d’images à leurs créations. Les artistes et contributeurs exploitant les IA génératrices d’art pourront bientôt proposer ce type d’œuvres dans la place de marché du géant de la créativité, à certaines conditions. Ils devront désigner leur contenu généré par l’IA comme tel, mais également obtenir l’autorisation appropriée avant de soumettre des œuvres basées sur du contenu tiers, comme des invites textuelles faisant référence à des personnes, des lieux, des biens ou le style d’un artiste réel.

« Les premières technologies d’IA génératives ont soulevé des questions sur la façon dont elles devraient être correctement utilisées. Adobe a profondément réfléchi à ces questions et a mis en place une nouvelle politique de soumission qui, selon nous, garantira que notre contenu utilise la technologie d’IA de manière responsable par les créateurs et les clients », explique Sarah Casillas, directrice principale du contenu pour Adobe Stock, dans un billet de blog. Elle ajoute qu’elle considère les IA génératrices d’art comme un « grand bond en avant pour les créateurs », leur offrant un moyen d’élargir leurs portfolios et leur potentiel de revenus.

Adobe souhaite contribuer à la transformation de la technologie de l’IA générative en « outils qui donnent du pouvoir aux artistes, sans jamais chercher à remplacer l’imagination humaine ».

Une technologie très controversée et pas encore bien définie sur le plan légal

La nouvelle mesure d’Adobe diffère d’autres importantes plateformes du monde de l’art. De nombreuses communautés d’art en ligne ont décidé d’interdire la diffusion de ce type de contenu, tout comme Getty Images qui a annoncé au mois de septembre que leur téléchargement et leur achat étaient bannis. Le dirigeant de la banque d’images a notamment cité de « réelles inquiétudes concernant les droits d’auteur des résultats de ces contenus et des problèmes non résolus concernant l’imagerie, les métadonnées et les individus contenus dans ces images ».

En effet, ces IA sont dans la plupart du temps entraînées sur des visuels issus d’Internet, et donc sur le travail ou les photographies d’artistes humains. Il n’est pas rare que les œuvres qu’elles génèrent soient très ressemblantes au style d’un artiste ; plusieurs d’entre eux n’ont donc pas hésité à monter au créneau pour dénoncer la démocratisation de cette technologie. C’est notamment pour cette raison qu’Adobe va exiger que ses contributeurs indiquent le nom de l’artiste dont un visuel est inspiré pour ce type de contenu.

Il existe encore de nombreuses questions sans réponse concernant l’IA génératrice d’art, particulièrement sur le plan légal. Par exemple, il n’existe pas encore de législation pour savoir si les personnes dont les œuvres ont participé à la formation des systèmes d’IA ont des droits sur ces systèmes ou sur les œuvres qu’ils produisent. Si cette législation voit le jour, Adobe pourrait se retrouver dans une situation peu reluisante.