Guillaume Poupard, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), a révélé sur LinkedIn, le 2 décembre, qu’il quitterait ses fonctions à la fin de l’année. Ce départ, prévu depuis janvier 2022, a été repoussé jusqu’à aujourd’hui. Le haut fonctionnaire a marqué l’agence de son passage qui a duré 8 ans et 9 mois.

De la DGA à l’ANSSI

Avant d’être le patron de l’ANSSI, Guillaume Poupard est passé par la Direction générale de l’armement (DGA), l’organe gouvernemental chargé des achats d’armes de l’armée française, en tant que responsable de la politique de cybersécurité. Son expérience à la DGA lui a permis d’apaiser les tensions avec l’ANSSI, responsable de la robustesse des systèmes de la Direction générale de l’armement.

Ce militaire de carrière est diplômé de l’École polytechnique, en études approfondies d’algorithmique et possède aussi un diplôme d’études universitaires générales en psychologie. Guillaume Poupard s’est très vite intéressé au sujet de la cryptographie. Entre 1996 et 2000, il en fait son sujet de thèse à l’École normale supérieure, sous la supervision de Jacques Stern, un cryptologue de renommée internationale.

Un directeur remarqué

Depuis son arrivée le 27 mars 2014, l’ANSSI a gagné en ampleur et a vu ses effectifs augmenter, passant de 460 en 2015 à 675 en 2021. Son mandat a été marqué par l’explosion des cyberattaques et des rançongiciels en particulier. Un fléau contre lequel il n’a cessé de multiplier les alertes dans les médias. Dans son message de départ, il présente son travail au sein de l’ANSSI comme « une mission hors norme au service de l’intérêt général, de nos concitoyens et de notre sécurité nationale » précisant qu’elle était parfois « émaillée de quelques humiliations, histoire de rappeler régulièrement à un peu d’humilité ».

Contactée par Siècle Digital, l’ANSSI a indiqué ne pas avoir d’informations supplémentaires à communiquer.

Le successeur de Patrick Pailloux a donné une image publique à l’ANSSI, plus exposée à cause du nombre grandissant de cyberattaques. Les questions de cybersécurité sont devenues centrales pendant la crise du Covid et Macron en a fait un enjeu national après les cyberattaques à destination des hôpitaux. Au cours de son mandat, l’agence a multiplié les documents préventifs pour aider les administrations, les professionnels de la cybersécurité, les entreprises, etc.

L’un des derniers combats de Guillaume Poupard aux commandes de l’ANSSI est la mise en avant des métiers du secteur de la cybersécurité, une filière qui manque cruellement de bras. Il se bat aussi pour l’ouverture d’un secteur encore très masculin aux femmes. Fin novembre, l’agence a présenté une étude intitulée « Attractivité et représentations des métiers de la cybersécurité » pour comprendre les impressions des jeunes sur les professions de l’industrie afin de les y attirer.

À l’issue de sa mission, il a fait part de sentiments « très forts », évoquant « bonheur, fierté, épuisement… avec une pointe de nostalgie ». L’homme, qui n’est pas connu pour pratiquer la langue de bois, en a profité pour tirer quelques derniers boulets, rapportant avoir pu « rencontrer quelques 🤬 de classe internationale », avant d’appeler à préserver les « formidables » équipes de l’ANSSI « de la bêtise administrative et de leur donner durablement des moyens d’action ».

Évoquant son propre avenir, le cinquantenaire a expliqué avoir « l’esprit à la prochaine course ». La question de la ligne d’arrivée, dans le public ou le privé, se pose. Le haut fonctionnaire ayant conclu son message par « à très bientôt pour de nouvelles aventures » la réponse pourrait arriver rapidement.