Xavier Niel, fondateur du groupe Iliad, a officiellement annoncé son souhait d’acquérir la firme Editis. Ce groupe d’édition est depuis plus de quatre ans, la propriété du groupe Vivendi, dont l’actionnaire majoritaire est Vincent Bolloré. Toutefois, l’homme d’affaires n’est pas le seul sur le coup, ce qui pourrait bien freiner ses ambitions en lien avec la télévision.

Vivendi souhaite se séparer d’Editis pour se rapprocher de Lagardère

Dans le but de créer un acteur mondial de l’édition, Vivendi s’est rapproché du groupe Lagardère, l’autre spécialiste de l’édition en France propriétaire notamment de Hachette. Toutefois, pour que ce projet aboutisse, le groupe détenu majoritairement par Bolloré doit se séparer de son entité Editis, afin de rassurer les autorités européennes antitrust. Fin octobre 2022, Vivendi a déposé une notification auprès de la Commission européenne pour confirmer son projet de rapprochement avec Lagardère et par conséquent, confirmer la cession d’Editis.

L’une des personnalités intéressées pour récupérer ce groupe d’édition n’est autre que Xavier Niel. L’homme d’affaires français, connu pour avoir créé l’opérateur Free, a fait une offre en passant par sa holding média, NJJ Médias. Pour l’instant, le milliardaire n’avait jamais fait de pas vers l’édition, mais le renouvellement des autorisations d’émettre en TNT des grands groupes historiques TF1 et M6, le 5 mai 2023 a changé la donne.

Depuis des années, Xavier Niel s’intéresse à la télévision. Il était l’un des opposants à la fusion entre M6 et TF1 qui n’a finalement pas abouti. En récupérant Editis, le groupe Iliad et sa holding NJJ Médias deviendraient un acteur sérieux pour fonder une chaîne de télévision sur la TNT. À ce stade, l’homme d’affaires n’est pas officiellement candidat à l’obtention d’une des fréquences en jeu.

Le rachat d’Editis permettrait à la firme de Xavier Niel d’être plus crédibles aux yeux de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour ce qui est du traitement de l’information à la télévision. Elle prouverait également que le groupe a assez d’argent pour gérer un canal de TNT qui coûte entre 10 et 15 millions d’euros par an et qu’elle pourrait déléguer cette gestion à l’une de ses entités.

Xavier Niel et la télévision, un rêve qui pourrait devenir réalité

Le 29 novembre 2022, l’Arcom a lancé une procédure d’appels à candidatures pour les autorisations de fréquence. Bien entendu, tous les groupes actuels de la TNT se sont présentés pour convaincre l’ex-CSA de leur laisser leur fréquence. Toutefois, NJJ Médias a également été auditionné, sans la présence de Xavier Niel, mais pour tenter de convaincre l’Arcom de récupérer un canal de la TNT.

Outre Xavier Niel, d’autres poids lourds du secteur des médias ont formulé une offre pour acquérir Editis. Il y a tout d’abord Reworld Media, le groupe de presse de Pascal Chevalier, ensuite, Mondadori, l’un des plus grands éditeurs français de magazines, et enfin, Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque, un des actionnaires du journal Le Monde au côté de Xavier Niel et propriétaire de Marianne, Elle ou Télé 7 jours. De plus, le milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé, et l’homme le plus riche de France, parton de LVMH, Bernard Arnault, notamment actionnaire du journal Les Échos, réfléchissent également à soumettre une offre. Ils ont demandé un temps de réflexion supplémentaire à Vivendi qui veut néanmoins se séparer assez rapidement de son groupe d’édition pour satisfaire son projet.

En attendant, le projet de rachat est scruté de près par la Commission européenne qui souhaite s’assurer que Vivendi vende bien Editis avant de se rapprocher de Hachette. Le groupe devra convaincre l’instance européenne que son racheteur n’a pas pour objectif de mettre à mal la concurrence dans le monde de la presse et de l’édition. Par ailleurs, selon les informations de Politico, elle se donne jusqu’au 30 novembre, 23h59, afin de savoir si elle lance une enquête approfondie autour de cette stratégie de rapprochement. À noter que le groupe français attend, au minimum, la somme de 700 millions d’euros. Une partie de celle-ci, environ 200 millions d’euros, devrait servir à éponger les dettes de l’entreprise.