Pendant une durée encore indéterminée, les participants sélectionnés disposeront d’un porte monnaie électronique, émis par des banques indiennes et accessible via leur mobile ou leur ordinateur. Ces portefeuilles numériques contiendront des fonds en e-rupee, la monnaie numérique de banque centrale locale. Ils pourront effectuer des transactions auprès de commerçants préalablement désignés, mais pourront également convertir la monnaie numérique en dépôts bancaires.

L’initiative est notable puisqu’elle concrétise l’offensive menée par l’Inde contre les cryptomonnaies. En effet, le pays de Narendra Modi veut protéger son économie de la volatilité de ces actifs numériques sans pour autant freiner son évolution vers la finance décentralisée, grâce à l’introduction d’une MNBC. Cette monnaie d’un nouveau genre est considérée comme plus fiable, étant directement contrôlée par la banque centrale et adossée à la valeur de la devise officielle.

Ainsi, en novembre dernier, une première expérimentation avait été lancée auprès de neuf banques nationales.

Ce projet pilote se déroulera en deux phases. Dans un premier temps, l’expérimentation comptera quatre banques et quatre grandes villes indiennes (Bombay, New Delhi, Bangalore, Bhubaneswar).

Dans un second temps, l’initiative s’étend à d’autres villes et institutions financières. Au fur et à mesure, de nouvelles fonctionnalités et applications seront apportées au projet.

Les avantages potentiels de cette étude sont multiples. À l’échelle nationale, l’État indien a pour ambition de réduire la dépendance du pays aux liquidités, qui constitue le principal moyen de paiement de l’économie indienne. Il souhaite également observer les effets possibles de la numérisation de la monnaie sur les virements domestiques et internationaux, à la fois sur les frais d’échange et les délais de paiement.

À l’échelle internationale, l’Inde (et particulièrement sa banque centrale) veut imiter ses concurrents qui expérimentent tour à tour les MNBC. Récemment, la Fed de New York annonçait le lancement d’un projet de création d’un dollar numérique. La Chine, vieil ennemi géopolitique de l’Inde, ne cesse d’étendre géographiquement l’usage de son yuan numérique, sans oublier l’Europe qui devrait lancer officiellement l’euro numérique en 2027.

Le projet pilote indien peut s’avérer prometteur, étant donné les caractéristiques que présente le pays et les effets d’échelle dont peut bénéficier la banque centrale. En effet, il constitue le deuxième marché mondial de l’Internet et le pays le plus peuplé du monde (et ainsi un grand nombre d’utilisateurs potentiels de l’e-rupee).