L’éditeur chinois de jeux vidéo, NetEase Games, et le développeur américain Blizzard Entertainment, ont décidé d’un commun accord de mettre fin à leur partenariat dès le 23 janvier prochain. Cette séparation met en péril la distribution des jeux de la société américaine en Chine puisque toute entreprise américaine qui souhaite proposer ses titres vidéoludiques dans l’Empire du Milieu doit obligatoirement s’associer à une entreprise chinoise du secteur.

Désaccords financiers, protection des données personnelles : la fin de l’histoire Blizzard/NetEase

En 2008, NetEase et Blizzard signent un partenariat. Pour l’éditeur américain, l’objectif est de pouvoir proposer ses jeux vidéo à succès dans le marché chinois qui compte un très grand nombre de joueurs. Parmi les titres proposés, le célèbre World of Warcraft, un jeu de rôle massivement multijoueur, mais aussi d’autres comme Hearthstone, Warcraft III : Reforged, Overwatch, Diablo III ou encore Heroes of the Storm. Si pendant 14 ans, tous ces jeux étaient disponibles en Chine, cela ne sera plus le cas le 23 janvier 2023.

« Les deux parties n’ont pas trouvé d’accord pour renouveler ce partenariat de façon conforme aux principes d’exploitation et aux engagements de Blizzard envers les joueurs et les employés », explique Blizzard dans un communiqué. La fin de cette alliance tournerait autour de plusieurs désaccords financiers selon les informations de Bloomberg. Il semblerait que la question du contrôle de la propriété intellectuelle et des données personnelles des millions de joueurs chinois ait également source de conflits entre les deux firmes.

Contrairement au marché européen qui est clairement réglementé en faveur des joueurs afin de protéger leurs données, ce n’est pas le cas en Chine. Même si une loi sur la protection des informations personnelles a été mise en vigueur début novembre, elle a principalement pour objectif de limiter l’utilisation des données pour mettre en place de nouvelles technologies et produits.

Blizzard cherche à rester en Chine, NetEase minimise les conséquences de cette rupture

En juillet 2022, quelques tensions étaient apparues lorsque deux projets de jeux mobiles basés sur la licence Warcraft avaient été annulés. Une centaine d’employés des deux firmes travaillaient sur ce projet depuis près de 3 ans. À noter qu’à ce moment-là, Pékin avait mis en place plusieurs restrictions depuis près d’un an, empêchant les grands éditeurs de jeux vidéo de sortir leurs titres vidéoludiques.

Pour Blizzard, le marché chinois ne représente que 3 % de son chiffre d’affaires, mais reste important à ses yeux afin d’assumer ses ambitions dans l’e-sport et le jeu mobile. Son rachat par Microsoft est d’ailleurs axé sur le marché des jeux vidéo mobile, même si cette opération est dans le viseur de plusieurs régulateurs, en Europe, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Si l’entreprise américaine souhaite toujours être présente dans le marché chinois, elle devra s’associer à un autre acteur de l’Empire du Milieu, comme Tencent.

Du côté de NetEase, les dirigeants tentent de minimiser l’impact de cette séparation avec Blizzard, en affirmant que ce partenariat ne représentait même pas 10 % de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices en 2021. Par ailleurs, même si un des jeux phares de la firme, Diablo Immortal, a été développé avec Blizzard, celui-ci continuera à être proposé en Chine puisqu’il n’était pas inclus dans les accords signés par les deux groupes.