ASCEND (Advanced Space Cloud for European Net zero emission and Data sovereignty). Derrière ce nom, se cache un projet digne d’un film de science-fiction : envoyer des datas centers en orbite. Ces derniers seront alimentés grâce à des panneaux solaires intégrés. Thales Alenia Space, co-entreprise entre Thalès et Leonardo et spécialisée dans l’industrie spatiale, est chargée de mener une étude de faisabilité afin de concrétiser cette initiative ambitieuse.

Le coût environnemental exorbitant de l’architecture numérique

L’empreinte environnementale du numérique est au cœur des préoccupations autour de la transition écologique, alors que le secteur se développe à un rythme effréné. Les data centers, destinés à stocker et traiter des quantités de données toujours plus importantes, sont régulièrement pointés du doigt pour leur consommation énergétique. En effet, ces derniers génèrent de la chaleur et doivent donc être continuellement refroidis pour éviter la surchauffe (et donc la mise en arrêt de l’infrastructure). En avril 2019, les datacenters du monde entier étaient à l’origine de plus de 2 % de la consommation mondiale d’électricité et produisaient le même volume d’émissions de carbone que l’industrie aérienne.

Une multiplicité d’expertises au cœur du projet ASCEND

La Commission européenne, dans la lignée du projet Green New Deal visant à la neutralité carbone de l’Union Européenne d’ici 2050, a donc chargé Thalès Alenia Space d’étudier la possibilité d’envoyer des data centers dans l’espace. Plusieurs entreprises ont également rejoint le projet, dont ArianeGroup (astronautique), Orange, CloudFerro, Hewlett Packard Enterprise Belgium (cloud), Carbone 4 et Vito (expertise environnementale) et Airbus Defense and Space (expertise spatiale).

Un équilibre délicat entre faisabilité et écologie

Les axes de travail seront doubles. D’abord, il sera nécessaire d’évaluer et de comparer le coût environnemental d’un tel projet. En effet, s’il est plus polluant d’envoyer de data centers en orbite, que de développer les data centers terrestres, alors le projet perd sa vocation initiale: celle de réduire l’empreinte carbone du numérique. Le deuxième axe sera d’apprécier la faisabilité d’une telle initiative, notamment la fabrication d’un lanceur adapté et peu polluant ainsi que les centrales solaires alimentant l’infrastructure en orbite. L’ensemble devra également être pilotable depuis la Terre. Le prochain rendez-vous est donc fixé à 2026, pour une première mission de démonstration.