Pékin continue de resserrer son contrôle sur les données personnelles et plus globalement sur les activités des géants technologiques. La Banque centrale de Chine tente d’obliger les géants du web à partager les données de leurs utilisateurs.

Pourquoi la Banque centrale a-t-elle du mal à faire appliquer cette loi ?

L’institution bancaire du pays a mis une date butoir au mois de décembre 2022 pour obliger les géants de la tech à se conformer à cette nouvelle législation. Cependant, le Financial Times rapporte que la Banque centrale de Chine a du mal à parvenir à ses fins. La question de savoir qui doit contrôler l’accès aux vastes quantités de données sur les utilisateurs Internet se pose à un moment où Pékin s’efforce de resserrer son emprise sur le secteur technologique du pays et sur les prêts à la consommation.

Le président Xi Jinping, qui a récemment été reconduit à la tête du Parti communiste, a souhaité mettre en place un système de contrôle des données, dans le cadre d’un effort plus large pour construire une économie plus « étatique ». Après avoir déclaré illégales toutes les activités liées aux cryptomonnaies, la Banque centrale de Chine a donc ordonné entre autres à Tencent, Meituan, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance de partager les données des utilisateurs. Le gouvernement veut avoir accès à l’ensemble des données dont disposent les géants de la tech.

Pour inciter les grandes entreprises technologiques à collaborer, le gouvernement a même prévu de les rémunérer. Selon plusieurs sources, Pékin cherche notamment à évaluer la solvabilité des emprunteurs potentiels. Cependant, les géants de la tech ne se montrent pas vraiment collaboratifs sur ce projet. « Ni les plateformes, ni les banques n’ont envie de suivre un ordre qui nuit à leur activité », précise une source anonyme. La preuve que même avec un gouvernement aussi puissant que celui de la Chine, il n’est jamais facile d’établir une règle et de la faire appliquer comme par magie.

En effet, de nombreuses banques chinoises, en particulier les petits prêteurs régionaux, s’appuient sur les masses de données des utilisateurs et les outils analytiques des sociétés Internet pour identifier les personnes solvables. L’encours des prêts bancaires émis conjointement avec des plateformes en ligne a augmenté de 22 % l’année dernière par rapport à 2020, contre seulement 12 % pour la croissance globale des prêts. « Nous n’allons pas nous mettre en conformité tant que tout le monde ne l’aura pas fait », explique le directeur d’une banque basée à Shanghai.

La croissance des prêts suscite des inquiétudes dans le pays. Le gouvernement cherche à reprendre la main. Une étude de l’Université Renmin de Pékin a révélé que les géants de la tech devraient subir une augmentation de 8 % de leurs coûts après l’entrée en vigueur de la loi. Pour Michael Li, analyste des scores de crédit, « le gouvernement considère les données comme un bien précieux, mais les fonctionnaires n’ont pas la capacité de gérer efficacement les données. Cela signifie que vous risquez de tuer l’industrie ».