Tim Berners-Lee, l’inventeur à l’origine du World Wide Web, est contre le concept de Web3. À l’occasion du Web Summit qui s’est tenu à Lisbonne du 1er au 4 novembre dernier, l’informaticien aurait demandé que cette nouvelle version du Web soit « ignorée ». Pour lui, la décentralisation d’Internet ne passera pas par les blockchains.

La différence entre Web3 et le Web 3.0

Lors d’une conférence, Tim Berners-Lee explique que trop de personnes confondent le Web3 et le « Web 3.0 », son propre projet pour repenser Internet. Avec son associé John Bruce, ils ont fondé Inrupt, une start-up visant à rendre aux internautes le contrôle de leurs données. Ils ont aussi commencé à développer Solid, leur propre projet de Web décentralisé.

D’après lui, le Web3 n’a rien à voir avec le Web tel qu’il a été conçu, là où le Web 3.0 apporte une nouvelle couche de technologies au Web 1.0 et 2.0. « Il est important de clarifier les choses afin de discuter des impacts des nouvelles technologies », a-t-il déclaré avant d’ajouter qu’il était nécessaire de « comprendre ce que signifient les termes dont nous discutons, au-delà des mots à la mode ».

En revenant sur l’utilisation des blockchains, Tim Berners-Lee explique que cette technologie n’est pas adaptée à Solid. Il souligne que « les protocoles blockchains sont trop lents, trop chers et trop publics. Les stockages de données doivent être rapides, bon marché et privés ».

Il affirme que « c’est vraiment dommage que le véritable nom du Web3 ait été pris par les gens d’Ethereum pour ce qu’ils font avec la blockchain. En fait, le Web3 n’est pas du tout le Web ». Pour autant, le Britannique avait choisi de vendre, en juin 2021, le code source du premier navigateur Internet sous la forme de NFT.

Le Web3, rejeté en bloc par les acteurs principaux de la tech

Tim Berners-Lee n’est pas la première personnalité du secteur à ne pas être convaincu par le Web3. Depuis quelque temps, Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter, à la tête de Block, une entreprise spécialisée dans les services financiers liés à la Blockchain, critique vivement les technologies qui l’entourent.

Pour lui, « personne ne possède le “Web3”. Ce sont les sociétés de capital-risque et les partenariats limités qui en sont les propriétaires. [Le Web3] n’échappera jamais à leurs incitations. C’est finalement une entité centralisée avec un label différent ». En d’autres termes, le pouvoir au sein du Web3 est déjà beaucoup trop concentré.

Pour décentraliser davantage Internet, Jack Dorsey compte sur son projet de Web5 qui permettra « aux développeurs d’utiliser des identifiants décentralisés, des justificatifs vérifiables et des nœuds Web décentralisés pour écrire des applications Web décentralisées ». L’objectif est clairement de rendre aux individus la propriété et le contrôle de leur identité et de leurs données. De réussir là où, selon Jack Dorsey et Tim Berners-Lee, le Web3 a échoué.