Alors que Meta connaît une période difficile, l’entreprise serait sur le point d’entamer la plus vaste campagne de licenciements de son histoire. Plusieurs milliers de ses employés sont concernés.

La fin de la surcroissance

À l’instar de tout le secteur de la tech, Meta a largement bénéficié de la pandémie de Covid-19 alors que la vie et les entreprises ont davantage exploité Internet et la technologie. Dans l’euphorie d’une croissance exponentielle, la société a massivement embauché : elle a recruté plus de 27 000 employés en 2020 et 2021 combinés, et 15 344 autres au cours des neuf premiers mois de cette année, dont environ un quart au cours du dernier trimestre.

Le retour de bâton est brutal. Au troisième trimestre, Meta a vu son chiffre d’affaires chuter pour la deuxième fois consécutive, de plus de 50 % de surcroît. L’entreprise veut réduire ses dépenses d’au moins 10 % lors des prochains mois, et devrait donc se séparer de très nombreux employés pour cela, rapporte le Wall Street Journal. Lors d’un appel avec ses investisseurs le 26 octobre dernier, Mark Zuckerberg avait déjà suggéré cette option en indiquant que la société allait « concentrer ses investissements sur un petit nombre de domaines de croissance hautement prioritaires ».

« Cela signifie donc que certaines équipes vont croître de manière significative, mais que la plupart des autres équipes resteront stables ou diminueront au cours de l’année prochaine. Dans l’ensemble, nous prévoyons de terminer l’année 2023 en étant soit à peu près de la même taille, soit même une organisation légèrement plus petite que nous le sommes aujourd’hui », a-t-il déclaré.

L’investissement de Meta dans le métavers est jugé déraisonnable

Depuis plusieurs mois, Meta est la cible des critiques, notamment de la part de ses actionnaires, à cause de ses investissements jugés irresponsables dans le métavers. En effet, une grande partie de l’explosion des coûts de l’entreprise provient de l’engagement de son PDG dans Reality Labs, sa division responsable des casques de réalité virtuelle et augmentée ainsi que de la création du métavers ; cet effort a coûté à l’entreprise 15 milliards de dollars depuis le début de l’année dernière.

Or, la plateforme Horizon Worlds voit son nombre d’utilisateurs décliner de plus en plus, et même ses propres développeurs la critiquent. Brad Gerstner, le PDG de la firme d’investissement Altimeter Capital, a jugé les dépenses de Meta dans cette technologie de « surdimensionnées et terrifiantes, même selon les normes de la Silicon Valley ». À l’instar d’autres investisseurs de l’entreprise, il a demandé à Meta de revoir ses dépenses et de privilégier des secteurs plus rentables. Les actions de la société ont chuté de 73 % depuis le début de l’année.

Des avatars dans Horizon Worlds.

La plateforme Horizon Worlds, les prémices du métavers de Meta, ne rencontre pas du tout le succès escompté. Image : Meta

De son côté, Zuckerberg est persuadé de la viabilité du métavers au long terme. « Je comprends que beaucoup de gens puissent être en désaccord avec cet investissement. Je pense que les gens vont regarder en arrière dans des décennies et parler de l’importance du travail qui a été fait ici », a-t-il affirmé. Il semblerait toutefois que les résultats financiers de son entreprise l’aient convaincu de changer son fusil d’épaule. Au mois de juillet, il préparait ses employés à des temps difficiles, et a annoncé un gel des recrutements quelques semaines plus tard. La vague de licenciements qui se profile continue donc dans ce sens.

Une crise qui touche tout le secteur de la tech

Elle devrait débuter dès ce mercredi 9 novembre et devrait affecté plusieurs milliers de personnes. Il s’agira de la plus grande réduction d’effectifs de Meta en 18 ans, et le nombre d’employés licenciés pourrait être le plus important à ce jour dans une grande entreprise technologique, alors que le secteur est frappé de plein fouet par une crise multi-facteurs et que la situation pourrait prendre plusieurs mois, voire années, pour s’améliorer.

Bien que l’ampleur du phénomène soit particulièrement importante chez Meta, la société n’est pas la seule à se séparer de ses salariés ou à freiner ses recrutements. La semaine dernière, Amazon a annoncé suspendre les embauches progressives car l’économie était « dans une situation incertaine ». Arrivé à la tête de Twitter le 27 octobre dernier, Elon Musk a quant à lui décidé de licencier la moitié du personnel du réseau social, soit plus de 3 000 personnes.