Le cabinet de conseil américain Gartner vient de publier une nouvelle étude présentant ses prévisions d’évolution du marché du cloud public pour l’année 2023. Contrairement au cloud privé qui est spécifique à une entité, le cloud public est conçu à partir d’infrastructures informatiques qui n’appartiennent pas à son utilisateur. Les dépenses mondiales dans ce secteur devraient augmenter de 20,7 % en 2023 par rapport à 2022 pour atteindre 591,8 milliards de dollars.
La demande explose malgré le contexte économique mondial
Au mois d’août 2022, le cabinet de conseil McKinsey affirmait que le marché chinois du cloud public devrait tripler d’ici 2025. Selon les prévisions de son homologue Gartner, le marché mondial devrait pratiquement doubler d’ici trois ans. Si en 2022, les organisations ont dépensé près de 490 milliards de dollars dans le cloud public, soit une augmentation de 18,8 % par rapport à 2021, cette croissance va se poursuivre en 2023.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
De plus en plus d’entreprises s’intéressent aux divers services que propose le cloud public et comprennent son potentiel. Comme l’indique le vice-président analyste de Gartner, Sid Nag, dans un communiqué, « les pressions inflationnistes et les conditions macroéconomiques actuelles ont un effet d’entraînement et d’attraction sur les dépenses liées au cloud ». Plus généralement, les sociétés se tournent vers ses services pour accélérer leur transformation, « le cloud computing continuera d’être un bastion de sécurité et d’innovation, soutenant la croissance en ces temps incertains en raison de sa nature agile, élastique et évolutive ».

L’évolution des dépenses dans les différents services du cloud public entre 2021 et 2023. L’ensemble des montants sont exprimés en millions de dollars. Graphique : Worldwide Public Cloud Services End-User Spending Forecast / Gartner.
Quel bilan pour les différents services du cloud public : IaaS, PaaS, SaaS, DaaS, etc.
Les différents types de solutions dites « as-a-Serivce » sont toute en constante augmentation depuis 2021. Pour l’infrastructure-as-a-Serivce (IaaS), le modèle où un fournisseur cloud gère toute l’infrastructure de l’entreprise (serveur, réseau, stockage de données, virtualisation, etc.), le secteur est clairement voué à évoluer. « Les IaaS continueront naturellement à se développer à mesure que les entreprises accéléreront leurs initiatives de modernisation informatique afin de minimiser les risques et d’optimiser les coûts », précise Sid Nag.
Pour ce qui est des Platfoms-as-a-Service (PaaS) et des Softwares-as-a-Service (SaaS), Gartner s’attend à ce que l’inflation actuelle fasse grandement augmenter le prix. Toutefois, les deux segments connaîtront une croissance constante : 23,2 % pour les PaaS et 16,8 % pour les SaaS en 2023 par rapport à cette année 2022.
Pour le Vice-président analyste de Gartner, le fait d’entrer dans le bain du cloud computing est un point de non-retour. « Une fois que les applications et les charges de travail sont déplacées vers le cloud, elles y restent généralement, et les modèles d’abonnement garantissent que les dépenses se poursuivront pendant toute la durée du contrat et probablement bien au-delà ».
Réussir à atteindre une souveraineté en Europe
Si aux États-Unis et en Chine, la souveraineté dans le cloud public est déjà établie, c’est bien loin d’être le cas en Europe. 75 % des entreprises utilisent un des trois principaux fournisseurs mondiaux, américains : Microsoft Azure, Amazon Web Services ou encore Google cloud. Les deux plus grands acteurs européens, SAP et Deutsche Telekom occupent seulement 2 % du marché du continent.
Les ambitions européennes pour les prochaines années sont claires : créer un continuum de services du cloud à la périphérie en impliquant 180 entreprises européennes différentes, soutenir l’émergence des champions technologiques européens ainsi que des jeunes pousses prometteuses, et garantir un maximum de sécurité grâce au label cloud de Confiance. Pour y parvenir, l’Europe devrait, selon John Dinsdale, analyste en chef pour Synergy Research, investir massivement dans ce secteur, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Si l’Europe a dépensé une dizaine de milliards d’euros depuis le début de la décennie, les deux superpuissances étasunienne et chinoise ont multiplié des investissements bien plus conséquents.