Mark Zuckerberg en est persuadé, « Les gens regarderont en arrière dans une décennie et parleront de l’importance du travail effectué ici ». Un vœu pieux, prononcé lors de la révélation des résultats du troisième trimestre (pdf) de Meta le 26 octobre, dont ne semblent pas se satisfaire les marchés. L’action de l’entreprise a chuté de 20 %, symbole du scepticisme que suscite le métavers sur les investisseurs.

Meta est en souffrance

Il y a un an Facebook changeait de nom pour devenir Meta. Loin d’être superficiel, ce « rebranding » a marqué la réorientation stratégique du réseau social vers l’internet du futur : le métavers. En présentant son rêve, Mark Zuckerberg avait prévenu, il faudra attendre une décennie avant qu’il se concrétise. Sauf qu’il faut avoir la patience d’attendre sur un résultat plus qu’hypothétique.

En attendant, le chiffre d’affaires de Meta a baissé pour la première fois depuis son introduction en Bourse en juillet 2022 lors du trimestre précédent. Rebelote ce trimestre, avec 27,7 milliards de dollars, il s’agit d’un nouveau repli de 4 %, par rapport à celui de 2021. Niveau bénéfice, la situation est encore plus alarmante avec un recul de 52 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 4,4 milliards de dollars.

Meta semble souffrir de nombreux maux. Le contexte économique morose affecte ses revenus. La publicité numérique est en baisse, les entreprises anticipant les difficultés à venir. L’entreprise, comme Snapchat, est toujours affectée par l’App Tracking Transparency d’Apple. Sans évoquer la concurrence du nouveau venu TikTok.

Surtout, Meta investit massivement dans son rêve de métavers. L’entreprise a annoncé une augmentation de ses dépenses de 19 %, pour un total de 22,1 milliards de dollars. Et ce malgré le gel des embauches, le suivi plus strict des performances des salariés et autres économies de bout de chandelle.

Ces dépenses sont d’autant mal perçues que le rêve de métavers de Mark Zuckerberg peine à convaincre. Les performances d’Horizon Worlds, le proto-métavers, sont décevantes. Les propres employés de Meta rechignent à l’utiliser. Reality Labs, la division qui travaille sur les technologies de réalité virtuelle et augmentée affiche à elle seule des pertes de 3,7 milliards de dollars, aggravés par la baisse des ventes du casque Quest 2. Dans son communiqué la société prévient également que « les pertes d’exploitation de Reality Labs en 2023 augmenteront considérablement d’une année sur l’autre ».

Les marchés trouvent le métavers trop hasardeux

The Verge rapporte qu’un analyste de Wall Street a déclaré lors de la conférence téléphonique de l’entreprise, « Je pense que ce qui résume le sentiment des investisseurs en ce moment, c’est qu’il y a trop de paris expérimentaux par rapport aux paris éprouvés ». La veille de la publication des résultats, l’un d’eux demandait à Mark Zuckerberg de moins investir dans cette direction.

Sur la défensive, Zuckerberg a répondu qu’il « comprend que beaucoup de gens puissent être en désaccord avec cet investissement », mais persiste « je pense que ce serait une erreur pour nous de ne pas nous concentrer sur l’un de ces domaines, qui, je pense, va être fondamentalement important pour l’avenir ».

Le fondateur de Facebook a tenté de rassurer en annonçant une croissance de 4 % des utilisateurs de ses plateformes, Facebook donc, Messenger, Instagram et WhatsApp ce trimestre. Meta représente 2,93 milliards d’utilisateurs. Un argument qui a du mal à faire mouche tant la défiance sur la voie suivie semble ancré. Depuis le début de l’année 2022, l’action de Meta a baissé de 60 %, avec la chute de 20 % après les résultats de ce troisième trimestre, le titre de l’entreprise est au plus bas depuis fin 2015.