Le Japon prévoit de supprimer les cartes d’assurance maladie d’ici l’automne 2024 pour l’inclure au sein de la nouvelle carte d’identité numérique intitulée « My Number », mais Tokyo fait face au rejet de la population. Les Japonais voient d’un mauvais œil cette initiative. Ils craignent que les informations personnelles contenues dans ce nouveau document d’identité soient détournées ou volées.

Vers une carte d’identité numérique au Japon

Équipée d’une puce électronique et d’une photo, « My Number » est pensée comme une carte d’identité numérique utilisée également comme permis de conduire et clé d’accès au régime public d’assurance maladie du pays. Elle est présentée en 2016, comme un moyen simple d’améliorer l’efficacité administrative japonaise et de développer une société plus équitable. Le gouvernement japonais a pour ambition qu’elle soit adoptée par 100 % de la population d’ici la fin du mois de mars 2023. Pour le moment, seuls 49 % des Japonais ont basculé vers le service « My Number ».

Si le pays du Soleil-Levant ne se presse pas pour obtenir leurs nouveaux papiers numériques, c’est avant tout, car le Japon a du mal à se séparer de ses vieilles habitudes. Les fax sont toujours monnaie courante, les espèces restent le moyen de paiement principal et les Japonais utilisent des sceaux pour signer leurs documents administratifs. Par ailleurs, depuis la Seconde Guerre mondiale, un climat de méfiance envers les autorités et le gouvernement s’est installé.

Les Japonais expriment leur réticence

Dans un article de l’agence de presse Associated Press publié le 25 octobre, de nombreux Japonais expriment leurs craintes quant à cette transition. Saeko Fujimori, une Japonaise qui travaille dans le domaine des droits d’auteur musicaux, explique que « s’il y a une puce électronique [dans la carte], il peut y avoir une fraude. Si la demande venait d’un gouvernement digne de confiance et que l’économie était florissante, peut-être que nous l’adopterions, ce n’est pas le cas pour le moment ».

Hidenori Watanave, professeur à l’Université de Tokyo, souligne qu’« il y a trop de personnes inquiètes de perdre leurs emplois. Elles voient la numérisation comme la négation de leur travail passé ». Très attachés à leurs traditions, de nombreux Japonais conservent soigneusement leurs papiers administratifs durant des années.

Face à cette levée de boucliers, Taro Kono, le ministre japonais des Affaires numériques, a avoué que « [le gouvernement] devait réussir à gagner la confiance du peuple pour faire adopter la carte “My Number” ». En attendant, pour calmer la situation, le Premier ministre, Fumio Kishida a annoncé, le 25 octobre, que même si les anciennes cartes d’assurance maladie sont vouées à disparaître, les Japonais cotisant au régime auront encore accès aux soins de santé.