La pandémie de Covid-19 a accéléré la démocratisation du télétravail, poussant beaucoup d’entreprises à accepter un mode de fonctionnement hybride à ses salariés. Une dynamique avec une conséquence, la désertion d’une partie des bureaux, parfois seulement une partie de la semaine. C’est sur ce créneau que souhaite s’imposer FiveOffices. L’entreprise qui compte 20 collaborateurs déploie sa plateforme de sous-location de bureau à Paris, ce 25 octobre. Le principe ? Louer pour une courte durée la place libérée par le télétravail dans ses locaux, pour de jeunes pousses en croissance.

Une plateforme simple d’accès pour le milieu professionnel

L’idée de FiveOffices est née d’un constat de ses créateurs : les entreprises ne peuvent pas facilement louer leurs bureaux pour des courtes durées et les scaleups (startup en forte croissance) n’ont pas forcément la place nécessaire dans les espaces de coworking. « Nous souhaitons réinventer la façon dont les bureaux sont occupés, d’une manière flexible, moins chère, et durable écologiquement » précise Benjamin Tillier, l’un des trois cofondateurs de FiveOffices, à Siècle Digital.

En premier lieu, les cofondateurs ont misé sur une plateforme simple d’accès, bien qu’elle soit destinée aux professionnels. Lorsqu’un hôte veut mettre à disposition ses mètres carrés non utilisés, à l’instar de Airbnb, il va créer un compte, il pourra y inclure des photos du lieu, une description, le prix, la durée minimum, 2 mois, et les prestations disponibles.

Les futurs locataires, « Guest » sur le site, doivent écrire leur demande, par exemple, une location de 3 mois dans le centre de Paris. Le moteur de recherche du site va filtrer parmi toutes les offres disponibles, et si le Guest trouve chaussure à son pied, il pourra entrer en contact avec l’hôte à l’aide d’un simple bouton.

L’hôte reçoit alors une demande de visite, ensuite le Guest fournit les informations nécessaires en tant qu’entreprise au loueur, « à ce moment-là, il y a une rencontre physique. S’ils s’entendent, la plateforme aidera les deux parties à travailler sur la partie contractuelle et juridique. » FiveOffices prend 10 % de commission sur le contrat entre l’hôte et le locataire, « Les loueurs ne perçoivent pas cela comme 10 % de loyer en moins sur leur revenu, mais comme 90 % en plus. Une somme qui n’était pas là auparavant. »

La durée des locations est fixée entre 2 et 24 mois. La plateforme permet de louer notamment un jour en particulier dans la semaine, « vous ne trouverez nulle part ailleurs la possibilité de louer un bureau seulement un jour précis, » assure Benjamin Tillier.

De plus, le cofondateur explique qu’il n’y a pas de problème juridique sur la sous-location, « tout dépend du contrat de bail principal, il faut que le propriétaire autorise la sous-location. Soit c’est indiqué dans le contrat originel, ce qui représente 50 % des baux actuels, soit le locataire doit présenter le potentiel sous locataire et le propriétaire qui doit l’approuver. Dans la pratique, nous n’avons jamais reçu de refus de la part des propriétaires, cela puisque ça permet de garder le locataire sur le long terme. »

Au-delà de la simple signature de contrat entre les deux parties, FiveOffices souhaite aider les sociétés à s’organiser. Par exemple, avoir des armoires fermées à clé pour éviter de ramener constamment son matériel après les deux jours de location, « Nous avons des guides pour aider à ce changement très significatif. »

FiveOffices vise les 6 % de part de marché d’ici fin 2023

Selon FiveOffices, 90 % du marché immobilier professionnel est dominé par les grandes agences immobilières. Elles proposent des locations en bail « 3 6 9 », ces baux traditionnels de minimum 9 ans peuvent être rompus aux dates anniversaires de 3 et 6 ans. Les 10 % restants sont des espaces de coworking, les agrégateurs regroupant toutes les offres précédentes… « Aujourd’hui, il manque une plateforme communautaire entièrement dédiée à la sous-location d’espace de bureau inutilisé avec des conditions flexibles, » estime Benjamin Tillier.

Pour tester le marché, FiveOffices est en ligne depuis le mois de juillet. Dès sa phase d’essai, les utilisateurs ont pu réserver une centaine de bureaux rien qu’au Luxembourg. Mais pour l’entreprise de sous-location professionnelle, le vrai lancement est aujourd’hui, à Paris. Si l’entreprise se lance en Île-de-France, c’est d’abord parce que le développement du télétravail a permis de ne plus utiliser son bureau tous les jours, ce qui amène une baisse de ratio à 0,7 voire 0,5 d’un poste pour un salarié. De plus, 20 % du parc immobilier de bureaux dans la région pourrait se vider d’ici 2030, soit 11 millions de mètres carrés. Enfin, 4 % du marché de l’immobilier professionnel, soit 1,2 million de mètres carrés, est déjà en sous-location.

Pour réussir son lancement, les cofondateurs de FiveOffices visent 6 % de part du marché de la sous-location parisienne d’ici fin 2023. Puis, fin 2026, les dirigeants espèrent passer ce score à 15 %. Ils sont optimistes sur le développement des sociétés fonctionnant en mode hybride, plutôt que le développement d’un modèle 100 % télétravail.

Afin de convaincre ses premiers locataires en France, FiveOffices propose, dès aujourd’hui, 100 sous locations à Paris, « ce ne sont que les prémices avant une accélération phénoménale de l’offre et de la demande sur la plateforme » affirme le dirigeant. L’entreprise annonce avoir déjà conclu des baux en France avant même l’ouverture.

Une initiative durable

Dernier argument pour convaincre ses futurs locataires, FiveOffices assure que sa plateforme permet de réduire son empreinte écologique. Les statistiques démontrent que les bureaux se libèrent quelques jours dans la semaine, 78 % des employés préférant travailler depuis chez eux. Cependant, les mètres carrés non utilisés doivent, tout de même, être entretenus, « Les bâtiments doivent être chauffés, entretenu hiver comme été, ce qui génère une perte écologique lorsqu’ils sont inutilisés. De plus, la construction immobilière représente aujourd’hui 40 % de la dépense énergétique en France. »

Fort de ces arguments, Fives Offices s’imagine bien débarquer sur le marché international de la sous-location à l’avenir. En fonction de ses résultats parisiens, l’objectif sera d’atteindre le Royaume Uni avec Londres d’ici la fin de l’année, et les États-Unis avec New York au dernier trimestre 2023. Un lancement est aussi prévu, en milieu d’année prochaine, sur des marchés avec moins de demande comme l’Allemagne ou les métropoles françaises telles que Lyon ou Marseille.