L’agence spatiale européenne (ESA) a donné, à la fin du mois de septembre, plus d’indications sur son projet pour mettre en place un réseau européen de communications chiffrées, souverain et indéchiffrable. Elle vient de signer un partenariat avec la Société européenne des satellites (SES) avec pour objectif de lancer un satellite à chiffrement quantique en 2024.

Après la Chine, l’Europe se lance dans la communication quantique

En août 2020, la Chine devenait le premier pays au monde à lancer un satellite à communication quantique après quatre années de travail. Baptisé Mozi, ce satellite est un prototype permettant à la Chine de s’assurer que la technologie quantique peut être fiable pour les communications longue distance. C’est désormais au tour de l’Union européenne de lancer son projet Eagle-1 pour les mêmes raisons.

Ce programme, financé par Horizon Europe, le programme d’innovation et de recherche de l’UE, vise à réaliser un test grandeur nature, pendant trois ans, autour de la communication par chiffrement quantique. Cette technologie se base sur une méthode de transmission loin de ceux utilisés dans les réseaux actuels. Au lieu d’utiliser des ondes électromagnétiques, toutes les clés de chiffrement permettant de décoder le message sont transportées par des photons. L’information, elle, est toujours transportée grâce aux ondes. Elle sera ensuite décryptée à l’aide des clés reçues par photon.

Contrairement aux ondes électromagnétiques, les photons ne peuvent pas être interceptés ou très difficilement. Si cela arrive, celui-ci s’autodétruit, ce qui ne laisse aucune chance à l’intercepteur de décrypter le message. Intéressé par cette méthode de chiffrement, l’UE est désormais prête à poser les bases d’un réseau de communication qu’elle considère comme souverain et inviolable.

Le quantique, enjeu technologique majeur en Europe et ailleurs

Dans un communiqué, l’ESA explique que le projet devrait durer trois ans. Avec l’aide de la SES ainsi que d’une vingtaine d’autres partenaires, le satellite Eagle-1 va être construit progressivement jusqu’en 2024, année de son lancement. Il va peser près de 300 kilogrammes et devrait embarquer plusieurs briques logicielles qui constitueront le système qui permettra d’échanger les clés de chiffrement de manière sécurisé.

Schéma expliquant le fonctionnement du satellite de communication à chiffrement quantique Eagle-1.

Plusieurs pays de l’Union européenne hébergeront des structures permettant de recevoir les photons quantiques pour déchiffrer les messages envoyés. Image : Eagle-1, Europe’s firest satellite Quantum Key Distribution system / Unsplash.

Le projet Eagle-1 est la suite logique du projet Security And Cryptographic mission (SAGA) qui s’intéresse principalement au chiffrement quantique. Les avancées en matière d’informatique quantique se comptent, certes, sur les doigts d’une main, mais sont cruciales pour prendre de l’avance sur les autres pays et se garantir une souveraineté dans les projets qui utilise cette technologie. Plusieurs fonds ont été débloqués au sein de l’UE pour aider au développement de l’informatique quantique.

Les États-Unis et la Chine, dans le cadre de leur guerre technologique, ont mis le quantique comme enjeu principal. L’empire du Milieu avait affirmé en novembre 2021, avoir développé un ordinateur quantique plus performant que ceux d’entreprises américaines comme Google. Aux États-Unis, une nouvelle méthode a été découverte par des chercheurs pour lutter contre les attaques quantiques. Enfin, en Europe, des chercheurs néerlandais ont réussi à transporter des informations de manière quantique ouvrant la porte à un futur internet quantique.