Alors que la période la plus chargée de l’année approche pour Amazon, avec le Black Friday et Noël, l’entreprise doit faire face à d’importants mouvements de grève et de demandes de syndicalisation de la part de ses employés aux États-Unis. Si la firme assure qu’elle répond aux attentes de ses travailleurs, la réalité semble toute autre.

Un premier syndicat cette année

Depuis plusieurs années, les conditions de travail dans les entrepôts d’Amazon sont pointées du doigt. Peu de pauses, surproductivité, activité mesurée par des algorithmes, les employés de la firme doivent agir tellement vite qu’ils sont plus susceptibles de se blesser que ceux des autres entreprises de retail.

Cette tendance s’est accentuée en 2020. Alors que la moitié du monde était confinée, les employés d’Amazon ont continué de travailler et leur productivité a dû augmenter de manière considérable, à l’instar des profits du géant de l’e-commerce. Le premier vote pour une syndicalisation des employés d’Amazon a eu lieu dans un entrepôt de l’État de l’Alabama, où les travailleurs se plaignaient de conditions de travail trop difficiles. Finalement, ils ont décidé de ne pas se syndicaliser et Amazon est d’ailleurs accusée d’être intervenue pour dissuader ses employés lors du vote.

À la même période, Jeff Bezos admettait dans une lettre adressée aux actionnaires de l’entreprise qu’il fallait en faire plus pour ses employés. Si la première tentative de syndicalisation n’a pas eu lieu, la seconde, survenue au mois d’avril 2022, a été une réussite. Les salariés de l’entrepôt JFK8 ont en effet rejoint l’Amazon Labor Union (ALU), et ce malgré les très grandes réticences de leur employeur.

La création de ce syndicat, mêlée à la hausse du prix de la vie qui se fait grandement ressentir outre-Atlantique, engendre un vaste mouvement de protestations chez les employés d’Amazon, qui estiment notamment que leur salaire ne reflète pas suffisamment les revenus pharaoniques qu’elle génère.

Un entrepôt d'Amazon photographié de l'extérieur.

Les employés exigent notamment des augmentations de salaire alors que l’inflation les affecte de plus en plus. Photographie : Yender Gonzalez / Unsplash

Que demandent les employés d’Amazon ?

Dans l’entrepôt ALB1 de la ville d’Albany dans l’État de New York, ainsi que dans celui d’ONT8, à San Bernardino en Californie, les travailleurs souhaitent mettre en place un vote afin de rejoindre un syndicat. Dans les États de la Géorgie, de l’Illinois et de la Californie, les employés s’apprêtent à entrer en grève pour protester contre leurs conditions de travail, et exiger davantage de droits.

Comme le rapporte The Verge, les protestations concernent aussi bien des demandes de protections contre la violence, les blessures et le harcèlement sexuel que des « mesures de sécurité de base ». Cet été par exemple, les travailleurs d’un entrepôt en Californie ont accusé Amazon de ne pas leur accorder de pauses ou d’aide en cas de chaleur excessive, alors que l’État a été frappé par d’importantes vagues de chaleur.

Alors que le prix de la vie croît de manière considérable, les travailleurs exigent des augmentations de salaire adéquates à la situation. L’entreprise a annoncé qu’elle investirait un milliard de dollars au cours de l’année prochaine pour augmenter de façon permanente le salaire de ses travailleurs, mais nombre d’entre eux estiment que cela ne sera pas suffisant.

Le New York Times explique par exemple que la société a expliqué que l’augmentation des salaires horaires se ferait en fonction des conditions du marché local, et s’est engagée à les augmenter de plus d’un dollar dans de nombreux entrepôts. À celui de JFK8 toutefois, où le salaire minimum était de 18,25 dollars de l’heure, l’augmentation se situe entre 25 et 75 cents de l’heure…

L’entreprise se défend alors que Noël approche

De son côté, Amazon se défend en expliquant offrir de nombreux avantages à ses salariés, notamment la sécurité sociale ainsi qu’un congé parental rémunéré. Le géant de l’e-commerce assure par ailleurs répondre aux demandes de ses travailleurs et explique que ses centres de fret, où les avions sont chargés, « disposent à la fois de la climatisation et de ventilateurs à grande vitesse pour augmenter le flux d’air ». À l’un d’entre eux, qui se prépare à entrer en grève, les salariés demandent pourtant une augmentation de 5 dollars, des pauses obligatoires toutes les heures en raison de la chaleur, et un environnement de travail globalement plus sûr.

Ces nombreux mouvements sociaux tombent mal pour Amazon qui se prépare à vivre sa période la plus critique de l’année avec une hausse importante de la demande. Si pour l’heure, il n’y a pas de réel impact pour les clients de la société, les mouvements ne semblent pas prêts de s’arrêter. Il est néanmoins important de noter que tous les travailleurs ne souhaitent pas protester ou se syndicaliser, d’autant plus lorsque l’on voit les efforts fournis par Amazon pour les en dissuader.

À l’entrepôt JFK8, Amazon a eu recours à des licenciements pour affaiblir le mouvement et a organisé des réunions pour tenter d’intimider les employés. À l’heure actuelle, le syndicat tient encore debout, mais l’entreprise est encore déterminée à s’opposer à son existence.