Cap sur le Google Cloud Next ‘22 qui se déroulera les 11 et 12 octobre 2022. Cette édition va permettre au géant technologique de présenter les nombreuses mises à jour de ses services phares ainsi que ses nouveautés. Contrairement à la précédente édition où les ambitions écologiques et environnementales étaient mises à l’honneur, l’année 2022 sera marquée par une refonte de ses offres principales. Cloud de confiance, cloud dédié pour le traitement et la gestion de la donnée, projets pour renforcer l’infrastructure cloud, le cloud pour mieux collaborer : voici les quatre principaux axes sur lesquels l’entreprise a travaillé durant cette année.

Le cloud en tant qu’outil de stockage, d’analyse et de gestion de la data

Comme l’indique Gerrit Kazmaier, Vice-président et manager général Database pour Google Cloud, « les données font partie des actifs les plus précieux de toute transformation numérique ». Il ajoute que « les limites sur les données sont encore trop courantes et peuvent empêcher les organisations de faire des progrès importants ». Comme l’indiquait Ram Chakravarti, CTO de BMC Software, fin août 2022, dans un article sur la culture de l’innovation pour Siècle Digital, « enrichir son système d’information grâce à la data, permet, une fois analysées, de créer encore plus de valeurs pour les parties prenantes ».

Depuis le Data Cloud Summit 2022, face aux solides arguments de Snowflake, la filiale cloud de Google n’a pas caché ses ambitions de proposer un data cloud ouvert, extensible et performant, faisant en sorte que n’importe quel collaborateur puisse exploiter la data à son plein potentiel.

Mise à jour et nouvelles intégrations de BigQuery

Première annonce majeure avec la mise à jour de BigQuery, un outil bien connu de Google Cloud pour l’analyse massive de données. Toutefois, il ne prend en compte que les données structurées, qui correspondent en moyenne entre 10 % et 20 % de la data disponible dans un environnement. L’entreprise a donc travaillé pour prendre en compte les données non structurées. Annonce logique après le lancement de BigLake, une plateforme permettant aux entreprises de gérer leurs data lake. Grâce à cette nouvelle fonctionnalité, les utilisateurs de BigQuery n’auront plus à structurer leurs données afin de les analyser.

De plus, BigQuery sera désormais présent sur Apache Spark, ainsi que sur Datastream, l’outil de Google Cloud permettant la duplication de données modifiées. Dernière annonce autour de BigQuery : si la plateforme est déjà intégrée dans Looker, le service dédié à l’informatique décisionnelle, Google Cloud s’associe à Microsoft Power BI, la solution d’analyse de données de Microsoft, pour renforcer l’analyse de la data sur Looker.

Cette dernière va d’ailleurs faire l’objet d’une refonte et sera déclinée en trois options. Chacune va proposer des fonctionnalités différentes en fonction des usages voulus. Ce remodelage intervient suite au regroupement de Looker avec Data Studio, un outil de Google permettant de convertir des données en graphiques.

À l’heure actuelle, les données non structurées peuvent représenter jusqu’à 90 % de la data que stocke une entreprise dans son data warehouse ou son data lake. Google Cloud veut rendre plus facile l’exploitation de la data non structurée pour concevoir et entraîner des modèles de machine learning, de reconnaissance vocale, de vision par ordinateur ou de traitement de langage naturel. La firme cherche aussi à maximiser l’interopérabilité de ses outils : avec BigQuery dans Apache Spark et Datastream, les entreprises pourront indiquer l’ensemble des opérations qu’elles souhaitent réaliser sur leurs données afin que tout soit fait de manière automatique.

Vertex AI s’étoffe avec son nouveau service baptisé Vision

Impossible, ces derniers mois, de passer à côté de Vertex AI, la suite logicielle permettant aux spécialistes de l’intelligence artificielle de concevoir de A à Z, leur modèle de machine learning (ML). Elle a été mise à jour il y a quelques mois avec l’arrivée de Vertex AI Model Registry qui a pour but de fournir un référentiel pour découvrir de nouveaux modèles ML et partager plus facilement ses créations.

Ce sera désormais au tour de Vertex AI Vision de voir le jour. Il s’agit d’un nouvel environnement dédié au développement d’applications de bout en bout. Son objectif réside dans l’intégration, l’analyse et le stockage de données visuelles, ce qui permettra d’utiliser plus facilement ces données vidéos ou photos pour entraîner les modèles ML. Bien évidemment, dans le viseur de Google Cloud, les modèles dédiés à la vision par ordinateur.

Un nouvel agent intelligent pour la traduction de documents

Les agents intelligents sont des logiciels ou des programmes autonomes qui effectuent une ou plusieurs tâches très rapidement, sans que l’être humain ait besoin de faire quelque chose. L’exemple d’agent intelligent le plus connu est sans doute l’assistant vocal. Même si Google s’aventure déjà dans le domaine de la reconnaissance vocale, ce n’est pas ce type d’agent intelligent qu’il a annoncé dans le cadre du Google Cloud Next 2022.

Suite au Google I/O 2022, l’annonce des lunettes Google Glass avait mis en évidence un des axes de travail de la firme de Mountain View : la traduction instantanée. Le Google Cloud Next 2022 coïncidera avec le début de Translation Hub, un agent qui fournit une traduction de documents en libre-service. Celui-ci fonctionnera dans 135 langues et permettra de traduire n’importe quel document grâce aux technologies d’intelligence artificielle et de machine learning mises au point par la filiale cloud de Google.

En traduisant le document, la mise en page et le format seront conservés. Ce n’est pas sans rappeler la dernière annonce faite lors du Google Search On 2022 où le groupe proclamait qu’il était possible de traduire le texte d’une image tout en conservant la même police et le même rendu.

L'outil Translation Hub proposé par Google Cloud.

Un document au format PDF pourra être traduit en quelques instants sur Translation Hub. Ici, un document en chinois a été traduit en anglais. Il est possible pour l’utilisateur de changer de langue en un seul clic et même de télécharger le document traduit. Image : Google.

Deux autres agents intelligents devraient également être présentés : Document AI, qui permettra d’analyser un document afin d’améliorer sa lisibilité, son rendu, son contenu, et Contact Center AI dont le but sera d’offrir un outil pour aider les centres de contacts dans leurs tâches du quotidien.

Google poursuit sa stratégie pour améliorer les infrastructures cloud

Avec l’arrivée de plus en plus de clients, le marché du cloud devrait atteindre 1 800 milliards de dollars en 2025, soit 500 milliards de plus qu’en 2022. Cette augmentation soudaine oblige les principaux fournisseurs, dont Google, à enrichir leurs services et à proposer des infrastructures de plus en plus performantes. C’est l’une des ambitions de Google qui a mis l’accent sur plusieurs projets.

Une nouvelle machine virtuelle grâce à un partenariat avec Intel

Première annonce de taille : le lancement de la nouvelle famille de machines virtuelles de Google Cloud : C3. Il s’agira de l’une des premières machines virtuelles dans le cloud public à s’exécuter sur le processeur Intel Xeon Scalable de quatrième génération et sur IPU, l’unité de traitement d’infrastructure, le dispositif de mise en réseau également développé par Intel. C3 disposera d’une architecture dite System On a Chip (SoC), ce qui veut dire que l’ensemble de son système embarqué sera présent sur une seule et unique puce.

« Les machines virtuelles C3 exécuteront des charges de travail sur des processeurs évolutifs Intel Xeon de 4e génération tout en libérant le traitement programmable des paquets vers les IPU en toute sécurité à des débits de ligne de 200 Gb/s. Cette collaboration entre Intel et Google permet aux clients d’accéder à une infrastructure plus sécurisée, flexible et performante » précise Nick McKeown, vice-président principal d’Intel Fellow et directeur général du groupe Network and Edge dans un communiqué.

Avec ces nouvelles machines virtuelles, la firme de Mountain View tente également de trouver des solutions face à la pénurie des semi-conducteurs qui empêchent parfois les multinationales et grandes entreprises d’avoir accès à du matériel physique de pointe. Plus besoin d’avoir accès à ces infrastructures pour obtenir une puissance de calcul maximale utile pour faire tourner des modèles complexes.

Le projet OpenXLA : vers le développement de l’open source

Voici l’une des annonces surprises de cette édition 2022 du Google Cloud Next. Sachin Gupta, vice-président et manager général de l’infrastructure pour Google Cloud, devrait annoncer le lancement du projet OpenXLA. Il affirme dans un communiqué que « les écosystèmes fermés et exclusifs sont un obstacle à l’innovation dans l’IA et le ML, imposant des incompatibilités entre les technologies et obscurcissant la façon d’affiner rapidement et facilement les modèles ML ».

Afin de permettre à tous d’avoir accès aux mêmes outils et à la même technologie de base pour le développement de modèles ML, Google souhaite rendre les frameworks front end pour le ML, faciles à utiliser. La firme va s’appuyer sur un consortium de plusieurs entreprises pionnières dans l’open source afin de favoriser l’utilisation de modèles tels que Stable Diffusion ou BLOOM, des modèles de langage de type GPT-3 ou d’outils pour entraîner les modèles, le tout en open source, c’est-à-dire accessible gratuitement et librement.

À noter que ce n’est pas la première fois que Google propose des services ou des outils open source. En 2020, TensorFlow Quantum, une bibliothèque de données permettait aux utilisateurs de former des modèles quantiques. L’année précédente, la firme de Mountain View proposait Private Join and Compute en open source, un outil de calcul multipartite conçu pour aider les organisations à travailler avec des ensembles de données confidentielles.

L’ouverture des prochaines régions Cloud

Après avoir officiellement ouvert sa région France, le 30 juin 2022, Google Cloud ne compte pas en rester là. Dans les prochains mois, plusieurs nouvelles régions devraient voir le jour : en Allemagne (Berlin), en Israël (Tel Aviv), au Qatar (Doha), en Italie (Turin) et en Arabie saoudite (Dammam).

Carte présentant les différentes régions où Google Cloud est présent.

L’état des régions Google Cloud à travers le monde en octobre 2022. Image : Google Cloud.

À l’heure actuelle, il existe 35 régions couvrant 106 zones, et Google Cloud a annoncé qu’il ouvrirait de nouvelles régions en Malaisie (Kuala Lumpur), au Mexique (Mexico), en Nouvelle-Zélande (Auckland) et en Thaïlande (Bangkok) en 2023.

Cette année, huit nouvelles régions Google Cloud ont été lancées, en plus de celle lancée à Paris. En tout, ces régions devraient contribuer à augmenter le PIB des neuf pays en question à hauteur de 40 milliards de dollars. 300 000 emplois supplémentaires devraient également être créés d’ici 2030. Pour ce qui est de la France, 14 000 emplois supplémentaires sont attendus, et 2,5 milliards d’euros supplémentaires devraient être générés dans son PIB.

Quid du cloud de confiance et du cloud collaboratif ?

Plus que jamais, les enjeux de sécurité liés au cloud sont grandissants. Avec la croissance de l’utilisation de ransomwares ou la puissance des attaques DDoS, les fournisseurs cloud cherchent à proposer des services sécurisés. Ils doivent s’adapter à la législation des pays dans lesquels ils proposent leurs offres. En France, Thalès et Google Cloud se sont associés pour tenter d’obtenir le label français cloud de confiance avec leur service baptisé S3ns. Un autre objectif pour Google est aussi de proposer un cloud qui rapprocherait les gens, notamment grâce à sa suite phare Google Workspace.

Cap sur la sécurité pour obtenir un cloud de confiance

Garantir un maximum de sécurité : c’est le défi que s’est lancé Google Cloud. Pour y parvenir, elle ajoutera une nouvelle pierre à son édifice baptisée Chronicle Security Operations. Cette suite logicielle basée sur le cloud permettra aux spécialistes de mieux détecter, enquêter et répondre aux menaces le plus rapidement possible. Cet outil et l’ensemble de ses fonctionnalités seront disponibles prochainement dans une version préliminaire.

En plus de cette suite logicielle, Google Cloud lancera une mise à jour de Confidential Comptuing, son outil de chiffrement des données. Elle y inclura Confidential Space, un espace où les entreprises pourront analyser leurs données ou entraîner des modèles ML tout en s’assurant que leurs données soient protégées.

Enfin, la filiale Cloud de Google a multiplié ses partenariats afin d’étoffer son écosystème d’experts pour un cloud de confiance. Ce sont en tout près d’une vingtaine de partenaires qui travailleront main dans la main pour proposer des services et des solutions qui s’intégreront dans un cloud de confiance. On retrouve bien sûr Thalès, mais aussi Siemens, Dell ou encore NetApp.

Cloud collaboratif : chiffrement des données et confort utilisateur

Qui dit Cloud collaboratif dit Google Workspace. La célèbre suite logicielle destinée aux professionnels et basée sur le cloud computing est en constante mutation. La filiale cloud de la firme de Mountain View devrait annoncer de nouvelles fonctionnalités pour Google Meet, le service de visioconférence associée à Workspace. Celui-ci inclura Google Slides pour faire en sorte que la caméra du conférencier puisse s’immiscer dans la présentation et non sur le côté, comme cela se fait habituellement.

L’ajout du cadrage automatique et de la transcription automatique des réunions viendra renforcer le confort des utilisateurs. De nouvelles API, plus épurées, seront proposées pour transformer Google Chat et Google Meet tandis qu’AppSheet, le logiciel de codage LowCode/NoCode de Google permettra aux développeurs clients de concevoir des applications qui pourront s’intégrer dans Chat.

Pour finir, toujours au niveau de la sécurité, certains services de Google préviendront leurs utilisateurs en cas de perte de données. Cette fonctionnalité existait déjà pour Drive ou Chrome et va être étendue pour les logiciels de Workspace. Cela permettra de créer des contrôles spécifiques pour empêcher les fuites de données sensibles en temps réel et d’appliquer une action corrective instantanément. Les données seront également chiffrées côté client dans Gmail et Agenda.

L’ensemble de ces nouveautés à venir montre à quel point Google Cloud souhaite diversifier ses services tout en proposant un maximum de sécurité. Si l’accent avait été mis sur le développement durable dans le cadre de l’édition 2021 du Google Cloud Next, c’est bien la performance qui est à l’honneur pour cette édition 2022.