Uber a annoncé un vaste partenariat avec Motional, coentreprise d’Aptiv et Honda spécialisée dans les robotaxis. Établie sur dix ans et multi-marchés, cette collaboration semble très ambitieuse.

Un contrat très ambitieux mais pas exclusif

Pourtant, Uber paraissait bien convaincue d’abandonner ses projets dans le secteur des taxis autonomes, depuis la vente de son unité dédiée à la startup Aurora en 2020. L’entreprise a finalement décidé de se lancer à nouveau dans la conduite autonome. Son partenariat avec Motional couvre à la fois le transport de personnes et la livraison, en faisant « l’un des plus grands déploiements de véhicules autonomes sur un grand réseau de transport de personnes, avec le potentiel d’atteindre des millions d’utilisateurs d’Uber », ont expliqué les deux sociétés. La flotte de Motional est principalement composée de véhicules électriques Hyundai Ioniq 5.

Le contrat n’est toutefois pas exclusif : tandis que Motional travaille avec le concurrent numéro 1 de Uber aux États-Unis, Lyft, en testant des robotaxis à Las Vegas, Uber s’est associée à Nuro pour la livraison autonome de repas via Uber Eats. En outre, les deux entreprises ont déjà collaboré ensemble à Santa Monica. Si pour l’heure, le plan des sociétés n’a pas été détaillé, Engadget explique qu’Uber devrait fournir à Motional des données pour l’aider à mieux répartir et positionner ses véhicules. En retour, les véhicules autonomes de Motional permettront de « réduire les temps d’arrêt des véhicules et les kilomètres inutiles parcourus ». L’objectif est surtout de parvenir à une meilleure expérience client, avec des temps d’attente et des tarifs réduits.

Si le partenariat ressemble à celui que Motional a déjà établi avec Lyft, alors les clients auront accès à une série de nouvelles fonctionnalités, notamment la possibilité de déverrouiller les portes via l’application Uber. Une fois à l’intérieur du véhicule, ils pourront démarrer la course ou contacter le service clientèle à partir d’un écran tactile embarqué.

Uber revient de loin

Cette association marque un grand coup pour Uber, qui a longtemps juré par la conduite autonome avant de se raviser. Son ancien PDG, Travis Kalanick, était persuadé que l’avenir de son entreprise passait par les robotaxis, expliquant que « lorsqu’il n’y a personne d’autre dans la voiture, le coût de l’utilisation d’un Uber devient moins élevé que celui de la possession d’un véhicule ».

Toutefois, la réputation de l’entreprise a été grandement ternie par un accident mortel impliquant un véhicule autonome d’Uber en 2018, tandis qu’Anthony Levandowski, l’ancien ingénieur en chef de la division de conduite autonome de l’entreprise, a été accusé d’avoir volé des secrets commerciaux à Waymo. En 2020, Uber décidait donc de se séparer de cette branche sur laquelle elle avait pourtant tant compté.

Le secteur des robotaxis continue son évolution

Le partenariat avec Motional donne le ton : Uber voit les choses en grand. Le lancement est en effet prévu dans plusieurs villes des États-Unis, mais on ignore encore lesquelles. Cela va surtout dépendre des autorisations livrées par les différents États, notamment car la législation peut être très changeante d’un territoire à l’autre. « Cet accord sera déterminant pour l’adoption à grande échelle des robotaxis. Motional dispose désormais d’un accès inégalé à des millions de cyclistes et d’une feuille de route pour se développer de manière significative au cours des dix prochaines années », a déclaré Karl Iagnemma, PDG de Motional.

Pour rappel, ce secteur est actuellement en pleine évolution mais doit encore faire face à d’importantes barrières réglementaires. Outre-Atlantique, Cruise et Waymo sont pour l’heure les seules entreprises à avoir déployé un service de robotaxis. En Chine, le géant Baidu a récemment été autorisé à opérer des taxis autonomes sans aucun chauffeur de sécurité.