Equinix, entreprise américaine spécialisée dans les centres de données, en a inauguré un nouveau ce jeudi 6 octobre, en région parisienne, à Saint-Denis. En présence du maire socialiste de la ville, Mathieu Hanotin, Régis Castagné, directeur général de la filiale française, a vanté les vertus technologiques et écologiques de sa dixième installation en Hexagone.

La chaleur émise par le centre de données Equinix sera réutilisée à Saint-Denis

PA10 « n’est pas juste un bâtiment, c’est une prouesse technologique » s’est enthousiasmé le directeur général d’Equinix France sur le toit du centre de données, dos au Stade de France.

Au milieu de quelques cultures de fraises hors sol, aménagées dans une serre sur ce même toit, Equinix a souhaité mettre en avant les performances écologiques de son installation. Elle a été conçue pour que sa chaleur fatale, celle qui est émise par le fonctionnement de l’ensemble, soit récupérée et réintroduite dans le réseau de chauffage urbain. Une première dans l’hexagone à en croire Régis Castagné.

serre hors sol

La serre, sur le toit du centre de données, va profiter de la chaleur des serveurs. Photographie : Benjamin Terrasson / Siècle Digital

Elle permettra de chauffer le futur Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis et la Zone d’aménagement concerté Plaine Saulnier, d’environ 12 hectares. Durant 15 ans ce transfert sera gracieux, selon un contrat signé mi-septembre avec le Smirec, le syndicat de chauffage urbain de Saint-Denis, Stains, Pierrefitte-sur-Seine, Villetaneuse, Épinay-sur-Seine, l’île Saint-Denis, Aubervilliers et La Courneuve.

L’équivalent de 10 000 mégawatts devrait être exploité ainsi. Cela correspond au chauffage d’environ 1 600 logements de 60 m2 rapporte Benoit Chevalier, concepteur du centre de données.

Mathieu Hanotin, également président de l’Établissement Territorial de Plaine Commune, qui regroupe les villes déjà citées et celle de Saint-Ouen-sur-Seine, a souligné que « Trop longtemps négligé, l’impact écologique de l’économie du numérique s’impose à nous ». Une donnée désormais primordiale pour l’élu, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050 au moins.

Mathieu Hanotin et Régis Castagné

Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, à gauche, et Régis Castagné, directeur général d’Equinix France, à droite. Photographie : Benjamin Terrasson / Siècle Digital

Le territoire de la Plaine Commune et plus généralement de la Seine-Saint-Denis attire beaucoup de centres de données. Le passé industriel du département, la qualité de ses infrastructures énergétiques et de son réseau en font un lieu idéal. Pour Mathieu Hanotin le « territoire a déjà pris sa part » pour ce type d’installations industrielles, « avec peu d’utilité sociale ».

Il estime qu’avec la serre de 430 m2 sur le toit du bâtiment réalisée par Equinix, « qui n’était pas obligé », compense cette réalité. La récupération de chaleur est aussi un argument qui fait mouche. L’élu socialiste a déjà annoncé qu’il n’y aurait plus « de nouveaux datacenters sur ce territoire sans ce type de système ».

Une exigence à laquelle souscrit Régis Castagné. Ce dernier admet que lors de l’arrivée de l’entreprise sur ce même site, il y a une vingtaine d’années, les considérations écologiques n’étaient pas prises en compte, l’efficacité énergétique mise à part, avant tout dans un souci d’économie. Désormais toutes les nouvelles structures seront équipées de la même façon, « nous avons l’obligation de faire de la façon la plus vertueuse possible », explique-t-il.

Performance technologique, développement économique et responsabilité écologique

Pour les centres de données plus anciens, sept en région parisienne, il est trop tard. La récupération de chaleur doit être pensée dès la conception du bâtiment. Régis Castagné assure toutefois que des efforts sont faits chaque année pour améliorer de 5 % le « Power Usage Effectiveness » (PUE) de ces.

Ce PUE mesure l’efficacité énergétique des centres de données. Celui de PA10 est de 1.26, soit l’un des tout meilleurs de France proclame Equinix. Par ailleurs, la récupération de la chaleur n‘entre pas dans ce calcul. Ce résultat est le fruit de deux principes, la minimisation de l’équipement et l’optimisation du taux de charge selon Benoit Chevalier.

Au-delà de ses performances écologiques, PA10 représente 5 800 m2 sur deux étages et demi et 2 100 racks, les armoires destinées à recevoir les serveurs des clients de l’entreprise. Sept à huit personnes, hormis les équipes de sécurités, sont présentes en permanence sur les lieux pour veiller à ce que tout se déroule bien.

un datahall

L’un des datahall de PA10. Il accueillera de dix à quinze clients sur une surface de 1 100m2. Photographie : Benjamin Terrasson / Siècle Digital

L’humidité, la température et la disponibilité électrique sont en permanence scrutées sur un mur d’écran, depuis une salle de contrôle. Comme la plupart des entreprises du secteur, Equinix doit assurer le bon fonctionnement de son installation sept jours sur sept, 24 heures sur 24, pour rester crédible auprès de ses clients potentiels.

Equinix a investi 139 millions d’euros dans cette installation. Le projet a été initialement présenté en janvier, lors de l’événement Choose France, sous le regard du président de la République. À cette occasion l’entreprise a promis un investissement total d’un milliard d’euros, en France, dans les cinq prochaines années. Promesse réitérée ce 6 octobre, à l’inauguration de PA10.