Alors que les relations se tendent entre les États-Unis et la Chine, de plus en plus de fournisseurs d’Apple décident de se rapprocher du siège de la firme américaine. Un signe qui montre que la pandémie et la géopolitique commencent à remodeler les chaînes d’approvisionnement.

La fin de l’ère chinoise ? Pas tout à fait…

Apple a fourni une liste dans laquelle on retrouve l’ensemble des fournisseurs du géant américain, avec une mention sur leur présence sur le sol américain. Deux points ressortent. Sans surprise, on constate qu’Apple reste très largement dépendant de l’Asie de l’Est, et en particulier de la Chine. Sur les 180 fournisseurs, environ 150 ont une activité en Chine. La liste est remplie de noms d’entreprises chinoises, sud-coréennes et japonaises qui fournissent des composants tels que des puces, des écrans ou encore des pièces qui composent l’appareil photo des produits Apple.

Au cours des dernières années, Apple a tout de même fait le choix de travailler avec de nouveaux fournisseurs en Chine. On retrouve notamment Shenzhen Linkconn Electronics, Jiangyin Kangrui Molding Technology, une entreprise basée dans la province du Jiangsu, ou encore Wingtech Technology, une entreprise spécialisée dans les semi-conducteurs et cotée à Shanghai.

La marque à la pomme a également décidé d’arrêter de travailler avec certains fournisseurs chinois comme Ofilm. La société chinoise a été ajoutée à la liste noire de Washington en raison de son implication présumée dans un programme gouvernemental qui « favorise le transfert des minorités ethniques du Xinjiang pour travailler dans les usines de la société ».

La liste reflète également la volonté d’Apple de se tourner vers des pays comme l’Inde et le Vietnam pour diversifier sa chaîne d’approvisionnement. Nous savons par exemple qu’Apple souhaite accélérer le transfert de sa production d’iPad et d’AirPod vers le Vietnam. L’entreprise compte faire de même pour de nombreux produits. L’Apple Watch et le MacBook pourraient suivre.

30 fournisseurs d’Apple se trouvent en Californie

Selon le Wall Street Journal, au cours de l’année 2021, plusieurs fournisseurs d’Apple se sont installés à proximité du siège l’entreprise technologique basée à Cupertino, en Californie. Sur les 180 fournisseurs de la marque à la pomme, 48 avaient des sites de fabrication aux États-Unis en septembre 2021, contre 25 un an plus tôt. Parmi ces sites, plus de 30 se trouvent en Californie, contre moins de 10 un an plus tôt. Des fournisseurs « qui comptent », tels que les fabricants de puces Qualcomm et Taiwan Semiconductor Manufacturing, ou encore l’assembleur Foxconn ont ouvert des sites de production aux États-Unis.

Le second constat est que les sites de production aux États-Unis jouent un rôle de plus en plus important. Ils sont encore minoritaires mais ils commencent à peser. La liste montre que les usines installées en Californie ne sont généralement pas aussi grandes que les asiatiques. Il s’agit plutôt de chaînes de production à plus petite échelle, des chaînes d’essai pour de nouveaux produits. Depuis la pandémie et les confinements, les déplacements entre la Californie et la Chine sont difficiles, notamment en raison des restrictions imposées par Pékin. Voilà pourquoi un nouveau modèle est en train de voir le jour.

Les fournisseurs du géant américain estiment « qu’il y a encore des raisons qui font qu’il est utile de se trouver près du siège d’Apple, notamment lorsqu’il s’agit de tester des matériaux et des pièces pour de nouveaux produits ». Ils estiment qu’il est également utile, pour des raisons politiques, de montrer qu’Apple et ses partenaires renforcent le rôle des États-Unis dans la production. En effet, le président Biden a fait pression pour attirer davantage de fournisseurs spécialisés dans les technologies aux États-Unis. En août 2022, le pays a notamment voté le Chips Act, pour attirer les fabricants de semi-conducteurs.