L’Union européenne pourrait bientôt mettre en place une stratégie à long terme pour renforcer l’écosystème des jeux vidéo. En plus de créer des emplois, le Vieux Continent espère accentuer son « soft power » en boostant un secteur au potentiel immense.
Un énorme secteur culturel pas assez exploité en Europe
Cette décision part d’un constat : le jeu vidéo est le seul secteur créatif qui a connu une croissance de son chiffre d’affaires pendant la crise du Covid-19. En 2020, les jeux vidéo ont généré la somme gargantuesque de 139,9 milliards de dollars. Selon l’UE, un Européen sur deux joue aux jeux vidéo, tandis que l’industrie est estimée à 23,3 millions d’euros sur le continent.
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La Commission européenne de la culture et de l’éducation (CULT) affirme que malgré ces faits, le secteur ne bénéficie pas d’une stratégie dédiée à l’échelle européenne, que ce soit pour protéger la propriété intellectuelle, canaliser les investissements ou promouvoir le savoir-faire. En 2022, le programme Europe créative a alloué 6 millions d’euros pour financer des productions de jeux vidéo, mais CULT a déclaré que cela était insuffisant. La Commission a donc adopté à l’unanimité une résolution et va proposer un vote visant à développer une stratégie à long terme en matière de jeux vidéo. Le Parlement devrait se prononcer sur ce sujet lors d’une session les 9 et 10 novembre prochain.
« Les jeux vidéo représentent aujourd’hui un énorme secteur culturel, unissant art, technologie et interaction. Ils ont un grand potentiel en termes d’économie, de soft power, d’éducation et de connexion intergénérationnelle », a ainsi déclaré Laurence Farreng, députée française au sein de la CULT.

Un Européen sur deux se considère comme un gamer. Photographie : Erik Mclean / Unsplash
Que souhaite mettre en place la CULT ?
Dans sa résolution, la Commission demande aux parlementaires de permettre l’augmentation du nombre de productions européennes de jeux vidéo, et de renforcer le soutien national aux développeurs locaux par le biais d’exemptions dans les règles européennes sur les aides d’État.
Elle veut en outre créer un Observatoire européen des jeux vidéo pour fournir aux décideurs et aux parties prenantes des données harmonisées et des recommandations pour développer le secteur. Elle souhaite aussi mettre en place une archive pour préserver les jeux vidéo européens les plus importants sur le plan culturel et garantir leur jouabilité à l’avenir, ou encore utiliser les jeux et l’e-sport dans l’éducation, « comme moyen de développer la culture numérique, les compétences générales et la pensée créative, tout en sensibilisant les enseignants à ce précieux outil pédagogique ».
Une industrie sûre dans un contexte économique difficile
La mise en place de telles mesures permettrait de renforcer une industrie au potentiel de croissance et d’innovation immense, et de créer de nouvelles opportunités pour les acteurs du secteur en Europe. S’il existe des géants du secteur sur le Vieux Continent, à l’instar d’Ubisoft, force est de reconnaître que les plus grands studios sont américains ou asiatiques.
En plus d’encourager les développeurs à rester en Europe, ceux-ci pourraient également obtenir des aides financières pour mener à bien leurs projets créatifs. Alors que la situation économique actuelle est plus que délicate, l’UE semble vouloir se tourner vers des secteurs très prometteurs qui n’étaient pas forcément pris au sérieux auparavant.
Pour rappel, l’industrie du jeu vidéo pourrait peser 300 milliards de dollars d’ici à 2030.