Le nocode consiste à construire des applications ou des sites internet sans coder. Popularisé depuis une dizaine d’années, il a maintenant son salon. Pendant 2 jours, du jeudi 29 septembre au vendredi 30 septembre à Paris, le Nocode Summit a réuni plus de 100 entreprises, une soixantaine de conférences ont été organisées. Le moment opportun pour aborder le sujet qui met les lignes de code et les langages compliqués de côté.

Le nocode, la promesse de devenir développeur sans coder

Selon le cabinet IDC, 500 millions d’applications numériques seront créées d’ici à 2025. Aujourd’hui seulement 0,3 % de la population mondiale sait coder. Rien qu’aux États-Unis, le manque de développeurs est d’environ 1,5 million. Les entreprises du nocode souhaitent justement créer des environnements où chaque citoyen, même incapable de coder, soit capable de créer la plateforme dont il rêve. Ce principe existe depuis de nombreuses années, certains pionniers pensent que le nocode existe depuis les années 1970, mais il n’a été démocratisé sous ce nom qu’en 2014.

Énormément de sociétés, depuis les années 2010, se sont emparées de ce nouveau mouvement. Le nocode est une solution permettant de se passer des services d’un développeur. Il propose de créer un site web, développer une application, sans devoir écrire dans un terminal de commande.

Aujourd’hui le marché du nocode représente plusieurs milliards d’euros. Le marché prend tellement d’ampleur que certaines sociétés soulèvent des millions d’euros comme Alegria et d’autres se font racheter pour des valorisations dépassant 100 millions d’euros, comme Integromat, devenu Make, avec la promesse de devenir plus qu’une simple plateforme initialement créée pour automatiser des tâches simples. Un autre grand nom du marché, Bubble, dispose de rien de moins que 13 000 entreprises clientes et 2,1 millions d’utilisateurs dans le monde.

Le monde du no code côtoie souvent celui du low-code. Contrairement au nocode, il vise des utilisateurs plus expérimentés, des développeurs ou des amateurs aguerris. Le low-code promet les mêmes fonctionnalités mais l’utilisateur devra intégrer des lignes de code pour développer son projet, « Il n’y a plus de frontières entre le low-code et le nocode. On fait tous la même chose, nos solutions sont là pour accélérer le développement d’applications, » argumente Alexandre Cozette, Ingénieur en chef des solutions de OutSystems, une plateforme low-code qui fournit des outils aux entreprises pour développer, déployer et gérer des applications d’entreprises.

Le nocode et ses utilisations

Le nocode est à l’image de la multiplicité des outils, mobilisable dans de nombreuses situations. Parfois le nocode permet à de grosses sociétés de développer des applications rapidement comme Fnac-Darty. L’entreprise souhaitait que les vendeurs puissent montrer, vérifier les stocks, présenter les différents produits du catalogue et effectuer la vente directement devant le client avec sa carte de paiement. La plateforme Convertigo s’est positionnée pour réaliser cette application. Cette plateforme est notamment utilisée par des entreprises souhaitant créer une application complète, directement depuis une interface, sans avoir à se tourner vers une agence.

Dans d’autres cas, certaines entreprises utilisent les plateformes de nocode pour créer leurs applications destinées à différents services. Zenioo, un courtier grossiste spécialisé dans l’assurance, a fait appel à la plateforme OutSystems. Elle a développé en 6 mois, un système d’information capable d’apporter aux courtiers des produits et des services dédiés à leur activité en santé, prévoyance et emprunteur. Selon la plateforme, les partenaires peuvent bénéficier d’un accompagnement dédié grâce à la vidéo assistance. Enfin, l’entreprise nocode s’engage à laisser les courtiers s’exprimer sur les futures évolutions envisagées afin que l’outil soit toujours en adéquation avec leurs besoins.

Le nocode : une solution sécurisée et écologique ?

Les entreprises dans l’environnement nocode certifient que leurs plateformes sont utilisables pour la gouvernance des directions de systèmes d’information (DSI) en entreprise. Des marques comme Make, expliquent que les DSI peuvent gérer les actions de leurs collaborateurs. Ce contrôle permet d’éviter des solutions internes qui pourraient engendrer des failles de sécurité dans les entreprises. « Les services informatiques peuvent gérer, gouverner, donner des droits d’accès très spécifiques aux différents métiers. Aujourd’hui les employés évoluent et la nouvelle génération apprend très vite à utiliser les nouveaux outils, » affirme Fabien Rozzi, responsable des ventes aux entreprises chez Make.

Autre grand sujet d’actualité, le nocode à un aspect environnemental en évitant le surstockage de données, connu pour être très consommateur en énergie. Les entreprises de nocode promettent de réduire les tâches répétitives et redondantes. Les entreprises effectuent alors des économies d’électricité.

Le nocode présente de nombreux problèmes

Le nocode semble être une solution intéressante pour les PME ou encore les associations, mais un problème global subsiste : la dépendance à la plateforme créatrice. Leur modèle économique peut poser problème pour les PME. Elles créent leur application pour un sujet dédié, puis, en fonction du volume d’interactions sur la plateforme de nocode, elles payent un abonnement. Mais si la plateforme décide d’ajuster à la hausse ses prix, l’entreprise peut se retrouver piégée, sans solution de portabilité de son application.

Pour pallier ce problème de dépendance, certaines entreprises offrent des solutions open source. Un logiciel open source est publié sous une licence dans laquelle le titulaire du droit d’auteur accorde aux utilisateurs le droit d’utiliser et de distribuer le logiciel et son code source à quiconque. Convertigo et Baserow présents sur le salon utilisent des logiciels open source. « La politique de prix d’une plateforme peut évoluer avec le temps. Les entreprises sont donc sous la dépendance des plateformes et ne peuvent parfois pas suivre » affirme Olivier Picciotto, PDG de Convertigo. Certaines entreprises tentent de casser un marché qui pourrait avoir tendance à se fermer à quelques grosses entreprises.

Autre problème : les développeurs pourraient craindre pour leurs emplois. Les acteurs nocode et du low-code soutiennent cependant l’idée qu’ils ne viennent qu’en complément du travail des développeurs. Lors de la conférence d’entrée du salon, le co-PDG de Bubble, Emmanuelle Straschnov a souligné que « les développeurs n’ont pas à avoir peur de perdre leur métier, mais devraient être contents que les tâches redondantes soient faites par les utilisateurs du nocode. Ils peuvent désormais se concentrer sur des projets de plus en plus complexes. »

Le monde subit un manque de main-d’œuvre pour faire face à notre quotidien toujours plus numérisé. Le nocode permet de le combler en donnant la possibilité à chacun de créer des solutions numériques, professionnelles, et fonctionnelles. Le marché du nocode pourrait trouver un équilibre, en répondant aux besoins des grandes entreprises pour créer des applications dans un temps relativement court. Mais les associations, les petites et moyennes sociétés pourront aussi en profiter. Les plateformes de nocode offrent l’opportunité de se passer d’un développeur à temps plein ou d’un service externe qui coûte plusieurs milliers d’euros.