Quelques jours avant son procès, le 3 octobre, dans le cadre d’une affaire de viol, Richard Liu, fondateur JD.com, l’un des leaders de l’e-commerce en Chine, aurait réussi à trouver un accord pour mettre fin aux poursuites. Pour rappel, Liu Jingyao, une ancienne étudiante de l’Université du Minnesota avait accusé le milliardaire, en avril 2019, de l’avoir violée au cours d’une soirée. Les termes de cet accord n’ont pas été divulgués.

De l’accusation de viol à l’accord à l’amiable

« L’incident entre Madame Liu Jingyao et Monsieur Richard Liu dans le Minnesota en 2018 a donné lieu à un malentendu qui a attiré l’attention du public et provoqué de profondes souffrances aux parties et à leurs familles », a déclaré, le 1er octobre, le cabinet d’avocats Florin Roebig, en charge de la défense de Liu Jingyao. Il ajoute qu’« aujourd’hui, les deux parties ont accepté de mettre de côté leurs différends et de régler leur litige afin d’éviter toute souffrance supplémentaire provoquée par le procès ».

L’« incident », dont fait part le communiqué rapporté par l’agence de presse Associated Press, est un viol qui serait survenu après un dîner, dans un restaurant japonais de Minneapolis. Lors de ce repas, Liu Jingyao explique s’être sentie obligée de boire alors que Richard Liu, de son vrai nom Liu Qiangdong, portait un toast en son nom. Par la suite, il l’aurait ramené en limousine où il l’aurait agressé sexuellement avant de la violer dans son appartement.

Tout de suite après les faits, elle écrivait à un ami, l’avoir « supplié d’arrêter, mais il ne m’a pas écouté ». Tandis que la police intervenait dans l’appartement, elle aurait dit à un agent « avoir été violée, mais pas ce genre de viol ». Les forces de l’ordre ont rapporté qu’elle était effrayée par la célébrité de Richard Liu. Placé en garde à vue, l’ancien dirigeant de JD.com, a indiqué que le rapport était consenti et qu’elle l’a « apprécié ». Il sera relâché le lendemain par manque de preuves.

Une victoire pour les femmes en Chine

Rendue publique en avril 2019, cette affaire a attiré énormément d’attention en Chine, notamment grâce à l’émergence du mouvement #MeToo sur le territoire chinois. Internet s’est rapidement emparé de l’affaire et les soutiens comme les opposants à Richard Liu se sont violemment exprimés sur les réseaux sociaux. Certains comptes en faveur de Liu Jingyao ont par ailleurs été censurés, pour de soi-disant entorses au règlement des plateformes.

Si les réactions des internautes à l’annonce de l’accord ont été plutôt mitigées, il s’agit d’une victoire pour les activistes féministes chinoises. Grâce à cette affaire, Liu Jingyao a réussi à mettre en lumière la question des agressions sexuelles en Chine ainsi que la consommation d’alcool au sein des entreprises. Lü Pin, une militante féministe habitant aux États-Unis, assure au Wall Street Journal que « si de nombreuses personnes n’ont pas changé leur perception de ces questions, leurs idées ont au moins été remises en cause ».