L’avion électrique Alice, conçu par l’entreprise Eviation, a réalisé son tout premier vol test avec succès. S’il s’agit d’une étape très importante pour la firme, le chemin est encore long à parcourir avant la possibilité d’un déploiement à plus grande échelle.

Trouver des alternatives au kérosène

C’est une réalité désormais connue de tous, le secteur aérien est l’un des plus polluants au monde. En effet, la combustion de kérosène dans les réacteurs d’avion émet d’importantes quantités de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. L’industrie est actuellement à la recherche de solutions alternatives ; mais en plus d’être sûres, elles doivent être viables.

Une étape significative vient justement d’être franchie par l’entreprise israélienne Eviation. Son avion électrique, baptisé Alice et encore à l’étape de prototype, a en effet réalisé son tout premier vol. Ce mardi 27 septembre, il a décollé de l’aéroport de Grant County dans l’État du Washington pour une durée de huit petites minutes. Durant cette période, il a atteint l’altitude de 1 066 mètres.

« Ce que nous voulions faire, c’est vérifier le contrôle en tangage, la stabilité de l’avion et l’amener à atterrir en toute sécurité. Des petits pas, l’un après l’autre », explique Steve Crane, le pilote de l’aéronef, dans les lignes du Seattle Times.

Alice se spécialisera dans les petits courriers

Si Alice a réalisé son test sans accroc, l’appareil est encore loin d’atteindre son objectif : proposer des courriers courts sur des distances d’environ 200 à 400 kilomètres. Avoir recours à des avions électriques pour parcourir les petites distances serait un bon moyen de faire baisser les émissions de CO2 du secteur aérien. Néanmoins, Alice n’est pas encore prêt pour devenir commercial, et la Federal Aviation Administration (FAA) n’a pas encore donné son approbation pour qu’il vole.

Malgré tout, l’appareil est l’un des plus en avance lorsque l’on parle d’avions électriques, et a des chances de devenir le premier avion commercial entièrement électrique. À terme, Eviation souhaite proposer trois formules : un avion de neuf passagers, un avion de luxe de six passagers et une version e-cargo. « Ce que nous venons de faire est entré dans l’histoire de l’aviation. Il s’agit de changer la façon dont nous volons. Il s’agit de relier les communautés d’une manière durable », déclare Greg Davis, le PDG de l’entreprise.

Pour cela, il va toutefois devoir prendre son mal en patience, la technologie pour faire voler des avions électriques commerciaux n’étant tout bonnement pas au point.

Les batteries freinent le secteur

À l’heure actuelle, les obstacles proviennent majoritairement des batteries. Très lourdes, elles réduisent la capacité des avions. Elles ne sont en outre pas encore capables de tenir une charge suffisante pour alimenter des vols longs. Aussi, les batteries lithium-ion posent des problèmes de sécurité, car elles peuvent chauffer de manière incontrôlable lorsqu’elles tombent en panne et même prendre feu. La NASA se penche sur la question ; en 2019, elle a établi un partenariat avec General Motors afin de créer une batterie suffisamment puissante pour assurer le vol électrique.

Pour les longs courriers, les chercheurs se penchent également sur d’autres types de carburant durable qui pourraient être fabriqués à partir d’algues, de maïs ou même de déchets.

La technologie nécessaire pour propulser les avions électriques pourrait quant à elle être disponible d’ici cinq ans. On peut donc espérer voir Alice prendre son envol avant la fin de la décennie.