Aujourd’hui, 27 septembre, s’est tenue une conférence sur les opportunités et les défis de la tokenisation de la finance, le fait d’attribuer le droit de propriété d’un actif à un jeton virtuel. Organisée par la Banque de France au musée du Louvre, son gouverneur, François Villeroy de Galhau, a demandé une meilleure régulation des cryptoactifs dans le monde entier. Pour proposer une alternative aux cryptomonnaies sur lesquelles elles ne peuvent avoir de contrôle, les banques centrales travaillent au développement de monnaies numériques des banques centrales (MNBC). En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) planche actuellement sur un euro numérique.

Réglementer plus durement, encore et toujours

Depuis son émergence, le jeune secteur de la finance décentralisée a inquiété les banques centrales. Le récent engouement autour des cryptomonnaies et de la technologie blockchain a renforcé ce sentiment de crainte. Elles n’ont cessé de pointer du doigt les dangers des cryptomonnaies et les potentielles failles présentes au sein de leurs blockchains. L’effondrement, en mai dernier, du stablecoin TerraUSD et de Luna, la cryptomonnaie sur laquelle elle était adossée, les a confortés dans leurs idées.

Afin de régulariser ce marché hautement volatil, François Villeroy de Galhau appelle à « éviter l’adoption de régulations divergentes ou contradictoires ». Pour lui, il est important de « rester coordonné et de mettre en œuvre [une régulation] dans toutes les juridictions ».

Après le récent krach du TerraUSD, Janet Yellen, secrétaire du Trésor des États-Unis a souligné au Congrès la nécessité de créer un cadre réglementaire pour ce secteur. Selon elle, la finance décentralisée « présente le même type de risque que ceux que nous connaissons depuis des siècles en matière de panique bancaire ». Le 19 septembre, l’administration Biden a présenté un premier texte pour réglementer les cryptoactifs sur le territoire américain. De l’autre côté du globe, en Europe, la proposition de réglementation Mica pour Market in crypto assets pourrait être approuvée en mars prochain au plus tôt.

Les MNBC, un complément essentiel à la régulation

La création de MNBC devrait permettre aux banques centrales de continuer à jouer un rôle capital dans la décentralisation et la tokenisation financière. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, indique que « si [les banques centrales] ne sont pas de la partie et ne sont pas impliquées dans le développement et l’évolution [des paiements numériques], elles risquent de perdre leur rôle d’ancre qu’elles endossent depuis plusieurs décennies ».

Pour évoluer avec cette demande et ne pas louper le coche, « une centaine de banques centrales élaborent une MNBC » précise Christine Lagarde. « Pour nous, c’est l’euro numérique qui, d’ici un an, devrait entrer dans une phase post-prototype », ajoute-t-elle.

Christine Lagarde, Présidente de la Banque centrale européenne.

Christine Lagarde, Présidente de la Banque centrale européenne. Capture d’écran : Banque de France / YouTube.

« Nous sommes actuellement en train de nous essayer à 3 développements futurs pour l’euro numérique », complète François Villeroy de Galhau. « Deux d’entre eux portent sur l’interopérabilité et la liquidité pour améliorer les paiements transfrontaliers. Le troisième est un approfondissement des deux premiers et porte sur l’utilisation des MNBC pour l’achat de titres financiers tokenisés ».

Enfin, Christine Lagarde appuie sur le niveau d’anonymisation des transactions en euros numériques. « Pendant le développement de l’euro numérique, nous avons toujours gardé en tête que le droit à la vie privée est quelque chose d’important pour les Européens. L’euro numérique respectera l’anonymat de ses utilisateurs jusqu’à un certain degré, mais pas au niveau de la Banque centrale européenne ».

Annoncé pour 2026 ou 2027, l’euro numérique devra répondre à plusieurs exigences en étant un moyen pratique qui s’intégrera aux habitudes quotidiennes des Européens. Il nécessitera des barrières afin de s’assurer qu’il reste un moyen de paiement et non pas un moyen d’investissement. En somme, l’euro numérique se devra d’être un succès dès sa sortie.