La plateforme de diffusion en direct, twitch, a annoncé la semaine dernière une baisse des revenus des gros créateurs. Sur Twitch, lorsqu’un utilisateur s’abonne à une chaîne, une partie de la somme dépensée va au créateur, une autre à la plateforme. Les streamers les plus importants recevaient une part plus conséquente de ces revenus, avec 70 % de revenus sur chaque abonnement. Ils vont passer à 50 % à partir de 100 000 euros de revenus annuels en juin 2023. Le palier étant relativement faible, seuls les gros streamers ont droit au 70 %, la plupart le dépassent en seulement quelques mois.

Twitch cherche son équilibre financier

Depuis le rachat de Twitch par Amazon en 2014, l’entreprise n’apparaissant pas dans les bilans trimestriels de la firme, les rumeurs voulant que Twitch ne soit pas stable financièrement ont été alimentées. Elles sont confirmées par les mesures prises pour engranger plus d’argent. Par exemple, l’an passé, ce sont les abonnements en soutien aux créateurs qui ont subi une tarification locale différente à chaque pays, par exemple en France, il était passé de 4,99 € à 3,99 €, afin de booster le nombre d’abonnement.

Cette année, les revenus des streamers sont directement impactés, « Diminution de 20 % de mon CA annuel de Twitch à partir de mi-2023 sans qu’on puisse discuter ni faire quoi que ce soit » déplore Zerator, l’un des plus gros créateurs français sur la plateforme. Cependant, seuls les gros streamers vont subir une perte puisque, les petits et moyens créateurs sont soit à 30 %, soit déjà à 50 %.

Twitch justifie cette baisse par le manque de transparence de ces accords. Les négociations ne sont jamais dévoilées, les streamers qui en parlaient de façon transparente sont assez rares. Dans son communiqué, l’entreprise regrette de ne pas avoir été cohérente dans la négociation des gros contrats qui ne sont allés qu’à des gros créateurs. Enfin, le coût de diffusion est très élevé, malgré l’hébergement de Twitch sur les serveurs d’Amazon Web Services, selon la grille d’Amazon Interactive Video Service, en diffusant 200h par mois, un streamer coûterait 1 000 € à la plateforme.

Ces nouvelles interviennent dans le même laps de temps que la démission de la vice-présidente des créateurs internationaux sur Twitch selon Bloomberg. Constance Knight a annoncé dans une lettre, qu’elle se lançait dans une « nouvelle aventure qui offre des opportunités de croissance passionnantes, tant sur le plan professionnel que personnel ». Elle a précédemment occupé des postes similaires chez Instagram et YouTube.

Quelle solution pour les créateurs ?

Après ces annonces de perte de revenus, les créateurs vont devoir s’adapter. Twitch domine le secteur de la diffusion en direct. Quand un concurrent tente de prendre des parts de marché, il ferme quelques mois après, même un acteur comme Microsoft n’a pas su se placer avec Mixer. Seul Google avec youtube survit en recrutant certains gros streamers qui souhaitent quitter la plateforme d’Amazon comme Ludwig (3,52 millions d’abonnés) ou Dr Disrespect (4,1 millions d’abonnés). Pour endiguer cette perte trop importante de ses créateurs, Twitch avait allégé ses contraintes en août dernier. Il est à présent autorisé de diffuser sur d’autres plateformes comme YouTube ou Dlive, à condition de ne pas être aussi en direct sur Twitch.

La publicité de manière globale a toujours été rejetée par les spectateurs. La diffusion en direct se retrouve souvent coupée par des annonces. Elle brise alors l’expérience de façon inopinée, la plupart des spectateurs préfèrent alors changer de chaîne plutôt que de s’infliger le flash publicitaire. La diffusion de publicité n’est plus innée chez les streamers, à tel point que Twitch propose des sommes importantes contre des minutes de pub par heure de diffusions. Kameto, un des streamers français les plus importants de la plateforme avait dévoilé en direct, il y a quelques jours, des sommes allant de 8 300 € à 47 844 € par mois pour quelques minutes par heure de diffusion.

Solution complémentaire, les placements de produits devraient se multiplier. Autre grand nom du streaming hexagonal, MisterMV a réagi en se félicitant d’avoir la chance de disposer une grosse communauté, ce qui lui permet de faire des placements de produits sans réellement impacter son contenu initial. Ce n’est pas forcément le cas pour d’autres streamers qui vont devoir détériorer l’expérience de leurs spectateurs en diffusant des jeux vidéo ou des vidéos éloignés de leur ligne éditoriale.

Si Twitch se permet d’être aussi brutal sur ses décisions, c’est dû à sa domination sur le marché de la diffusion en direct. Rien qu’au deuxième trimestre 2022 selon le rapport de Streamlabs & Stream Hatchet, les spectateurs de Twitch ont regardé 5,64 milliards d’heures de contenu, tandis que son principal concurrent, YouTube Gaming culmine à 1,13 milliard d’heures. Au travers de ces mises à jour et de ses contrats d’exclusivité, la plateforme de Google tient peut-être une fenêtre de tir pour rattraper son retard face à Amazon.